RVH : Jean-Louis Étienne, l’aimant des pôles a fait escale à Blois
14 octobre 2022
14 octobre 2022
Un explorateur à la faconde chaleureuse. Samedi 8 octobre 2022, Jean-Louis Étienne a emmené tout l’auditoire de la halle aux grains dans son sillage. Des pôles à l’Himalaya en passant par son Tarn natal. Revigorant.
Il a déjà eu mille et une vies. Et à 75 ans, Jean-Louis Étienne n’a pas encore dit son dernier mot. Loin de là. La preuve ? Son projet Polar Pod, lancé il y a déjà 12 ans, est entré dans une phase active. Aujourd’hui, alors que le navire avitailleur est en construction, l’explorateur des pôles cherche des mécènes pour mener à bien cette expédition au long cours de l’océan austral via un navire vertical de 100 mètres de haut. Une de plus. Pendant une heure, le titulaire d’un CAP de tourneur-fraiseur devenu médecin a expliqué ce qui le meut depuis toujours : les endroits à l’accès difficile, la nécessité de construire un vaisseau pour s’y rendre… Et l’indispensable partage des connaissances que l’expédition induit.
« On a ouvert la porte du frigo de la Terre »La salle l’écoute. Attentive. Réagissant à l’humour et à la faconde de celui qui a appris la mer avec le père Jaouen, Éric Tabarly ou encore Alain Colas. Au sextant. « On était intensément là. Quand on part, on le fait avec le poids du monde. Et ensuite, on devient beaucoup plus réceptif », raconte encore celui qui fut le premier à rejoindre le Pôle nord en solitaire, en 1986. Son « Cap-Horn, son Everest » à lui, comme il le décrit. Jean-Louis Étienne, qui se définit comme « autodidacte », sait alors que ce sera « ça », sa vie. Malgré les dangers – « J’ai eu de la chance. En Himalaya, j’ai failli y passer » –, malgré les difficultés à boucler les budgets. Et l’explorateur des océans de raconter, presque hilare, qu’il est tombé, un jour, « sur des traces de quelqu’un qui chaussait du 140 ». Un ours, donc. Cette attraction pour les pôles nord et sud, il l’explique par la notion de « désert. Les couleurs sont pauvres, il n’y a pas d’autres odeurs que la vôtre. »
Un message pour les jeunesJean-Louis Étienne rapporte à chaque fois un état du monde au plus près avec l’idée de partager, « de faire de la pédagogie ». La « machine climatique », comme il la nomme, il l’a vue évoluer au fil des décennies. Une réalité. « L’Arctique change de couleur. Aujourd’hui on y voit des zones découvertes de neige. On a ouvert la porte du frigo de la Terre. Nous sommes la civilisation carbone », assène-t-il encore avant d’insister pour que les plus jeunes de l’assistance s’investissent dans la filière de l’économie circulaire, tous azimuts. Et dans un sourire encore : « Soyez les acteurs de la solution, de la transition. Y a du fun à être écolo ! »
Le petit gars du Tarn, qui a découvert la mer à 10 ans, l’avait alors trouvée ridiculement horizontale. Il apprendra à la connaître, à l’arpenter avec, toujours, l’envie de déjà repartir. « Il faut se nourrir de ce qu’on accomplit, de ce qu’on termine. »