Plastique et océans : des solutions en vue
20 octobre 2021
20 octobre 2021
Le problème des déchets dans nos océans semble si gros qu’on se décourage à l’idée d’y chercher une solution. Et pourtant, nous avons le pouvoir d’agir. Voici comment.
Les images de l’immense « continent » de déchets de plastique qui dérive au milieu de l’océan ont de quoi nous impressionner… et nous démotiver. Or, il faudra bien éliminer tout cela, puisque l’eau n’est pas une ressource renouvelable : chaque goutte qui existera dans l’histoire de notre planète est déjà là. Bonne nouvelle : si l’effort requis pour tout nettoyer semble surhumain, les scientifiques ont de plus en plus de raisons de croire que ce problème créé en l’espace d’une vie humaine peut être résolu en une génération, voire plus rapidement.
Pour y arriver, il nous faut trois types d’artillerie : d’abord, de nouvelles lois pour interdire le plastique, puis l’amélioration de notre gestion des déchets et matières résiduelles pour éviter que le plastique ne se retrouve dans la nature, et enfin, le nettoyage de l’environnement.
Une récente étude publiée dans la revue Science a révélé qu’une réduction de 25 % à 40 % des déchets plastiques qui atterrissent dans nos poubelles serait nécessaire pour arrêter l’augmentation de nos rejets de plastique (même pas les diminuer ; seulement éviter qu’elles ne continuent d’augmenter). En parallèle, la gestion efficace des déchets plastiques devrait passer du 6 % actuel (eh oui, 94 % de ces déchets se retrouvent dans la nature) à 60 % dans les pays plus pauvres, et nous devrions récupérer (par des initiatives de nettoyage) chaque année au moins 40 % de ces déchets qu’on produit.
Il est essentiel de réduire ou d’éliminer les plastiques inutiles, d’établir des limites mondiales pour la production de nouveaux plastiques, de créer des normes internationales garantissant que les nouveaux plastiques seront récupérables et recyclables, et de mettre au point des technologies de traitement et de recyclage des plastiques. Pour ce faire, il faut arrêter de penser, ou de ne faire que des réunions, et agir. Commencer par faire un geste. Soit, il existe des mesures comme l’interdiction de certains plastiques à usage unique, mais elles sont dérisoires par rapport à l’impact recherché, et surtout relativement à ce que nous pouvons réellement faire.
La population accorde beaucoup d’attention aux grandes opérations de nettoyage, qui font régulièrement la manchette et s’organisent même par l’intermédiaire de réseaux internationaux. Notons, par exemple, qu’avait lieu la Journée mondiale du nettoyage de notre planète (World Cleanup Day) le 18 septembre dernier, une idée à laquelle se rallient plus de 180 pays.
Si on aime tant ces initiatives, c’est probablement parce qu’elles donnent des résultats concrets. On oublie par contre que pendant ce temps, nous continuons à produire de grandes quantités de plastique, qui se retrouve dans les habitats marins et aquatiques. Pour parvenir à une réduction substantielle des rejets mondiaux de plastique, un changement de politique majeur est nécessaire. Au Canada, par exemple, on ne recycle à l’heure actuelle que 9 % des quelque 3 millions de tonnes de déchets plastiques générés chaque année. Le reste finit à la poubelle.
Il faudrait, selon la règle des 40 % expliquée un peu plus haut, que le fruit de nos nettoyages soit de l’ordre de 1,2 million de tonnes. On est encore loin du compte, malgré les efforts du gouvernement à viser zéro déchet plastique d’ici 2030.
Une analyse parue l’an dernier et basée sur les connaissances de dizaines d’experts internationaux révèle que nous pouvons éliminer, d’ici 2040, plus de 80 % du plastique qui pénètre annuellement dans l’océan. Pour saisir l’importance d’une action concertée des décideurs, il faut savoir que 11 millions de tonnes métriques de plastique entrent dans l’océan chaque année, et que ce chiffre devrait tripler d’ici 2040 (la pollution plastique des océans pèserait alors autant que 3 millions de baleines bleues !).
Source: L’actualité