Les microalgues…la révolution de l’Or vert

Les algues sont des organismes photosynthétiques responsables de la majorité de la régénération de l’oxygène sur Terre, en convertissant l’énergie lumineuse et une source de carbone (CO2) en matière organique (biomasse). Similaires aux forêts terrestres, elles éliminent le dioxyde de carbone de l’atmosphère terrestre et produisent de l’oxygène, qui aide à réguler le climat.

La plupart des algues effectuent la photosynthèse, qui utilise l’énergie solaire pour convertir le dioxyde de carbone et l’eau en sucres et en oxygène. Ce processus est considéré comme l’un des processus vitaux les plus importants qui se produisent sur Terre. Certaines caractéristiques des algues diffèrent des plantes terrestres, y compris la façon dont la chlorophylle aide à la photosynthèse.

Il existe deux grandes catégories d’algues : les « macroalgues », visibles à l’œil nu, et les « microalgues », qui correspondent à des petits organismes unicellulaires « phytoplanctons », que l’on trouve dans les eaux douces, les eaux salées et les sols humides et qui font partie des sources de nourriture les plus importantes pour les petits animaux dans le milieu aquatique.

Le phytoplancton unicellulaire semble invisible à l’œil nu. Cependant, on peut le voir en masse, généralement, sous la forme d’une couche surtout lorsqu’il se multiplie en grande quantité, comme ce qui se passe dans certaines zones des mers et des océans. C’est le cas dans les conditions idéales de croissance, à savoir la présence d’une température appropriée, d’une source de lumière adéquate et de nutriments vitaux tels que le nitrate, le phosphore, le potassium et le carbone.

Par ailleurs, lorsque ces conditions sont réunies, les microalgues se multiplient rapidement et forment ce que l’on appelle un « Bloom algale ». Notons aussi, que parmi des nombreuses espèces constituant le phytoplancton, quelques-unes produisent des toxines que l’on appelle phycotoxines qu’elles appartiennent majoritairement à la classe des Dinophycées. En effet, ces dernières sont généralement soit nuisibles pour la faune marine, soit à l’origine des contaminations observées de façon récurrente tous les ans dans les coquillages et pouvant conduire à des interdictions de consommation.

Les microalgues, ou phytoplanctons, sont des organismes microscopiques d’une taille comprise entre 2 et 100 micromètres, essentiels à la vie marine vu qu’ils sont à la base de la chaîne alimentaire dans le milieu marin. Selon les estimations, en compte une centaine de milliers à plusieurs millions d’espèces qui existent des microalgues, parmi lesquelles 47 000 espèces ont déjà été caractérisées.

En aquaculture, les microalgues jouent un rôle essentiel dans l’élevage des animaux aquatiques comme les mollusques, les crevettes et les poissons, et elles présentent un intérêt stratégique pour l’aquaculture. En effet, les principales applications de ces microorganismes en aquaculture sont liées à la nutrition, car ils sont utilisés à l’état frais comme composantes unique ou comme additif alimentaire aux nutriments de base.

Par ailleurs, les études ont montré aussi que les microalgues réduisent le recours aux antibiotiques et aux médicaments souvent utilisés dans l’aquaculture conventionnelle, en améliorant le système immunitaire des animaux d’élevage contre les conditions défavorables et les agents pathogènes. Par exemple, Skeletonema costatumPhaedactylum tricornutum et Tetraselmis suecica, sont des espèces des microalgues couramment utilisées en écloserie, produisent un extrait qui inhibe la croissance de plusieurs espèces de Vibrio (agent pathogène) et peuvent potentiellement agir de manière bénéfique surtout pendant l’élevage larvaire des mollusques en diminuant la contamination bactérienne pendant ce stade précoce et vulnérable.

Dr. Fatima ELAAMRI a souligné que les microalgues destinés pour la conchyliculture constituent la base du processus de production des naissains de coquillages dans les écloseries, elles sont des intrants essentiels pour assurer un bon conditionnement des géniteurs, une croissance optimale des larves et des naissains. Par conséquent, leur production en masse et en bonne qualité est obligatoire pour optimiser le processus de production des naissains. Puisque cette production de microalgues représente plus de 40% du coût global de la production de naissain en écloserie, une optimisation de la production et du rendement de phytoplancton est devenue indispensable, notamment par l’ajustement des principaux facteurs influençant les performances de croissance et la qualité des cultures de microalgues (acide gras, protéines, pigment, etc) à savoir : température, salinité, lumière, et milieu de culture. Des essais ont été menés pour identifier les préférences de chaque espèce en production par apport à ces facteurs. Ceci permettra d’optimiser le processus de production de naissain d’une part, et de maintenir les coûts de production à des niveaux raisonnables d’autre part.

L’Institut National de Recherche Halieutique (Maroc), en tant qu’organisme de recherche scientifique et technique en charge du secteur halieutique, a orienté ses programmes de recherche de manière à accompagner et à contribuer à la réalisation des orientations stratégiques du «Plan Halieutis» en matière d’aquaculture en général et de la conchyliculture en particulier, notamment par la création de deux écloseries conchylicoles expérimentales : une à AMSA (en Méditerranée) et l’autre au niveau de la baie de Dakhla (en Atlantique). La récente construction et la mise en fonction de la station Conchylicole d’AMSA (SCA) de l’INRH représente une opportunité importante pour développer les techniques de reproduction en captivité et de production en masse de naissains adaptés aux conditions locales. Cela permettra de constituer une base de données scientifiques et techniques opérationnelle et transférable à la profession intéressée et aussi démonter la faisabilité technique et économique de la production locale de naissains. Aussi, l’INRH a envisagé de mettre en place un projet de recherche visant le développement de l’offre marocaine en produits de microalgues. Ce projet vise l’identification, l’isolement et la sélection de microalgues locales pour la mise en place d’une banque nationale de souches, qui permettra aux chercheurs et aux scientifiques d’évaluer et d’étudier les caractéristiques physiques, chimiques et génétiques de ces souches. Cela jouera un rôle important dans le développement durable, la protection de l’environnement et le développement du secteur industriel au Maroc.

Notre stratégie de recherche inclut l’approche pratique qui se base sur le développement de compétences en termes de techniques de culture de microalgues, depuis la sélection et la purification jusqu’à la préparation de cultures mères, en passant par la mise à l’échelle et la maintenance de cultures à grande échelle » ajoute le Dr. EL AAMRI.

Dr. EL AAMRI a ajouté que l’activité de recherche dans le domaine des algues a augmenté ces dernières années, pour rependre aux besoins croissants d’une économie durable et renouvelables dans divers domaines industriels », et nous connaissons mieux son potentiel et son importance. Des études estiment que la taille du marché mondial des microalgues augmentera de 4 à 6 % par an, cela rend ce secteur très prometteur pour l’avenir.

L’entrée progressive du Maroc dans l’ère du développement durable permettra aux algues de connaître un essor important, car elles répondront largement aux exigences de la bioéconomie. Il convient de mentionner d’une part, l’initiative innovante engagée dans le processus global de la réduction de l’empreinte de carbone, développée par l’industrie de ciment et basée sur l’absorption du dioxyde de carbone émis par les flux gazeux de l’industrie cimentière et son utilisation dans la culture d’algues pour obtenir une masse organique utilisable dans la production d’aliments pour poissons. Et d’autre part, le lancement (région d’Akhfenir) à l’horizon 2024 la plus grande installation pour séquestrer le dioxyde de carbone émis dans l’atmosphère afin de réduire le réchauffement climatique en utilisant les microalgues marines.

D’une manière générale, on peut dire que la recherche en microalgues nécessite une approche pluridisciplinaire, car elle englobe de nombreux domaines différents., tels que la biologie, la chimie, l’ingénierie et autres. C’est également un domaine de recherche important pour de nombreuses universités et instituts de recherche à travers le monde.

Source: MSN