L’épave du navire qui avait tenté d’avertir le Titanic vient enfin d’être retrouvée
3 octobre 2022
3 octobre 2022
« De Mesaba au Titanic. Présence glace par 42° à 41° 25’ de latitude nord et 49° à 50° 30’ de longitude ouest. Avons aperçu beaucoup de glaces épaisses et nombreux gros icebergs, ainsi qu’un champ de glace. » Ce télégramme a été envoyé par le navire Mesaba au Titanic dans la nuit du 14 au 15 avril 1912. Il était 21 h 40 quand l’opérateur radio du mythique paquebot transatlantique, qui effectuait sa traversée inaugurale dans l’Atlantique Nord, a reçu le message. Il a alors accusé réception… mais ne l’a jamais transmis à la passerelle. Et pour cause : il était débordé par les télégrammes privés à envoyer ce soir-là. Une erreur funeste. Car le Titanic se dirigeait précisément vers la zone indiquée par le Mesaba. Deux heures plus tard, il allait percuter l’iceberg et faire naufrage, entraînant la mort de 1 500 passagers et membres d’équipage.
Le paquebot de la White Star Line avait certes reçu de nombreuses alertes similaires dans les heures précédentes, provenant d’autres navires, mais aucune n’avait indiqué une position aussi proche de la route du Titanic. Si le commandant avait été alerté à temps, la fin de l’histoire aurait peut-être été différente.
Cent dix ans plus tard, c’est l’histoire du Mesaba qui refait surface. Son épave vient enfin d’être localisée en mer d’Irlande, à une trentaine de kilomètres des côtes sud-est du pays. Il avait fait naufrage en 1918, six ans après le Titanic. Rien à voir avec un iceberg : alors qu’il tentait de rallier Philadelphie depuis Liverpool, pendant la Première Guerre mondiale, il avait été touché par une torpille lancée par un sous-marin allemand. Vingt membres de l’équipage, dont le commandant, avaient péri.
Le navire, dont l’histoire est liée à jamais à celui du Titanic, est resté introuvable pendant plus d’un siècle. Son épave a finalement été localisée grâce à une nouvelle technique, utilisée par des chercheurs de l’Université de Bangor et de l’Université de Bournemouth au Royaume-Uni : un sonar multifaisceaux. Cet outil utilise des ondes sonores pour cartographier les fonds marins. Le résultat est si détaillé que la superstructure du navire est apparue clairement sur les images sonar, sans même procéder à une plongée.
La technique a permis de localiser 270 épaves reposant en mer d’Irlande, sur une surface d’environ 20 000 kilomètres carrés. Les différents vestiges ont ensuite été comparés à la base de données de l’Institut hydrographique britannique, entre autres. Ce qui a permis de mettre un nom sur une centaine d’épaves qui avaient déjà été repérées sans être identifiées, dont le Mesaba.
Les détails de toutes les épaves ont été publiés dans un nouveau livre intitulé Echoes from the Deep, du Dr Innes McCartney, de l’université de Bangor. « Les résultats des travaux ont validé la technique multidisciplinaire employée et cela change la donne pour l’archéologie marine, salue cet archéologue sous-marin. Auparavant, nous ne pouvions plonger que sur quelques sites chaque année pour identifier visuellement les épaves. Ces sonars nous ont permis de développer un moyen relativement peu coûteux d’examiner les épaves. » Un tel procédé aurait sans doute permis de retrouver plus facilement l’épave du Titanic, découverte en 1985 après des décennies de recherches.