La Tunisie dans l’œil du cyclone pour une nouvelle crise migratoire en Méditerranée !

 

Les crises migratoires font florès en Méditerranée et agitent à des degrés divers les pays méridionaux de Mare nostrum, singulièrement l’Italie, régulièrement prise de panique chaque fois qu’il fait beau et que la mer est calme poussant les migrants à fourbir leurs armer et lever l’ancre. La Tunisie, de par sa position géographique et stratégique n’a pas vocation à s’exonérer de rôles qui lui sont aisément attribuables dans semblable architecture. D’autant moins que, de l’avis des occidentaux,depuis juillet 2021, elle a plongé dans une crise économique et politique permanente. Son gouvernement n’a pas réussi, de surcroît,  à répondre de manière adéquate aux défis importants qui affectent le pays, tels que les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine.

A cette crise, s’en est greffée une autre, quand le président tunisien a, en février 2023,  prononcé son allocution relative aux colonies étrangères résidant en Tunisie, en particulier celles originaires d’Afrique subsaharienne. Des propos perçus comme un prétexte « utilisant la migration comme bouc émissaire pour détourner l’attention de l’opinion publique des problèmes économiques du pays ».

Selon les données des Nations Unies, 12 000 personnes quittant la Tunisie sont arrivées en Italie, contre 1 300 au cours de la même période en 2022. Beaucoup sont originaires de la région subsaharienne et ont décidé de partir après les propos de Kais Saied contre les communautés étrangères, explique « Diplomatic Courier » (Le Courrier diplomatique) reprenant les témoignages de certains d’entre eux affirmant à Al Jazeera  que : « Nous vivons en enfer ; lorsque nous sortons, ils nous attrapent et nous mettent en prison. Ils ont préparé une prison spéciale pour les Africains subsahariens ; lorsqu’ils vous attrapent, ils vous y envoient ».

Cette situation a alarmé l’Union européenne, en particulier l’Italie, qui s’est montrée proactive dans la recherche d’une solution à l’instabilité tunisienne. Les craintes de Rome sont étroitement liées à la crise des migrants de 2015 qui a mis à mal sa stabilité sociopolitique. À la mi-avril 2023, le gouvernement italien a promis des investissements en Tunisie, tandis que le ministre italien des affaires étrangères, Antonio Tajani, a cherché à poursuivre la médiation entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI).

Sous l’impulsion des États-Unis et de l’Union européenne, les représentants du FMI tentent une médiation avec leurs homologues tunisiens. Les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont déjà discuté d’un prêt de 1,9 milliard de dollars en mars 2023. Le renflouement de la Tunisie est bloqué depuis plusieurs mois.

Le FMI a exigé du gouvernement des réformes économiques et politiques, telles que la suppression des subventions sur les produits de base et les carburants.  Saied a refusé cette condition en déclarant : « Il est vrai que certaines personnes qui n’ont pas besoin de subventions en bénéficient, mais nous pouvons trouver d’autres moyens de faire en sorte qu’elles parviennent à ceux qui y ont droit ».

FMI : Vers des conditions plus strictes !

L’accord avec le FMI a été reporté indéfiniment et d’autres problèmes techniques sont apparus. La situation économique de la Tunisie s’est considérablement aggravée après l’accord conclu avec les services du FMI en septembre 2022. Cela signifie que certaines clauses de l’accord pourraient être modifiées, imposant des conditions encore plus strictes à la Tunisie.

La situation est dans une impasse qui pourrait durer plusieurs mois. Le FMI et le gouvernement tunisien partagent certains intérêts communs, comme la stabilisation de l’économie du pays. Dans le même temps, tous deux défendent des arguments apparemment inconciliables.

Du côté tunisien, Saied fait de la propagande nationaliste pour renforcer sa légitimité interne, pense Diplomatic Courier. A l’inverse, le FMI se consacre à sa pratique de prêt basée sur des réformes structurelles qui, si elles sont bien mises en œuvre, soutiennent la gouvernance publique et la capacité des Etats à rembourser leurs dettes.

De nombreux experts ont déjà souligné que la Tunisie doit obtenir un prêt pour éviter le défaut de paiement et être en mesure de payer les échéances de sa dette extérieure en dollars. Il n’y a pas de plan B viable pour les décideurs politiques tunisiens. Demander une aide économique à la Chine, par exemple, semble irréalisable à court terme en raison des relations déjà établies avec l’Occident, estime Diplomatic Courier.

Source: African manager