La pêche et l’aquaculture, une solution pour répondre aux objectifs de l’alimentation
27 avril 2023
27 avril 2023
La pêche et l’aquaculture continentales sont des activités aux potentialités sous-exploitées. Raison pour laquelle l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) a élaboré un nouveau modèle de développement (2023-2030) en vue de valoriser ce secteur qui peut significativement contribuer à la sécurité alimentaire du pays.
L’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) a présenté son nouveau modèle de développement de la pêche et de l’aquaculture continentale, couvrant la période allant de 2023 à 2030, dans le cadre de la déclinaison de la stratégie “Forêts du Maroc 2020-2030” en matière de valorisation et de gestion durable de la biodiversité aquatique.
A travers ce nouveau modèle de développement, l’Agence traduit un véritable changement de paradigme dans la manière d’appréhender le développement du secteur de la pêche et de l’aquaculture continentale, tant sur le plan de sa gouvernance que de sa mise en pratique, en vue d’asseoir à l’échelle nationale des filières piscicoles durables, créatrices de valeur et profitables aux populations locales et aux investisseurs privés.
Selon Badr Laamiri, chef du département de la pêche et de l’aquaculture continentale à l’ANEF, le nouveau modèle de développement est une mise en œuvre de la stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 » et traduit les principes directeurs de cette stratégie en matière de valorisation de la biodiversité aquatique, surtout des filières qui sont gérées par l’ANEF.
Laamiri explique à Hespress FR que l’élaboration de ce modèle de développement vient répondre à un certain nombre d’enjeux actuels ou futurs relatifs aux perspectives du développement et des potentialités en matière de pêche et d’aquaculture. « Ce nouveau modèle est appuyé par la FAO et essaye de traduire la déclinaison de la stratégie de la FAO 2022-2031 à l’échelle mondiale« , a-t-il précisé, ajoutant que c’est une stratégie qui s’oriente vers l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD), notamment en matière de l’alimentation, la nutrition et l’amélioration des conditions de vie.
Parlant des enjeux, le chef du département cite la durabilité des ressources, l’adaptation aux effets des changements climatiques, le principe de la régionalisation « parce qu’au Maroc, ce qui est intéressant, est que chaque région a ses propres potentialités. Par exemple, une région de montagne est propice pour le développement des espèces de poissons d’eau froide, alors que les régions de plaines ont des espèces d’eau chaude, sans oublier l’aquaculture désertique« . Il note que cette logique de développement régional repose sur les potentialités spécifiques à chaque région.
En outre, Laamiri fait savoir que l’un des enjeux est l’approche participative, soit l’intégration effective des associations de pêche et les coopératives qui doivent être aussi parties prenantes du process, puis l’inclusion, précisant qu’il faut assurer une gestion durable de la ressource et il faut que les retombées soit économiques au profit de la population locale. Pour l’expert, ce modèle s’appuie sur une logique de chaîne de valeur qui doit développer à la fois la production de la pisciculture et l’approvisionnent des marchés étant donné que « l’aquaculture est la solution pour répondre aux objectifs de l’alimentation« .
Tous ces enjeux ont permis « de reformuler la vision de l’Agence pour le développement du secteur de la pêche et l’aquaculture continentale, représentant des activités d’une filière créatrice de valeur inclusive qui contribue à la souveraineté alimentaire« , souligne notre interlocuteur.
S’agissant de la production générale de la pisciculture, Laamiri indique que le secteur privé produit aux alentours de 750 tonnes (truite, tilapia, anguille, carpe) et peut aller jusqu’à 1.000 tonnes, notant que le nombre actuel des unités aquacoles est de 10 sociétés. C’est la raison pour laquelle « l’objectif de ce modèle de développement est déjà d’améliorer la production mais aussi de stimuler la demande par rapport aux produits issus de la pêche et de l’aquaculture continentale« , poursuit-il.
« Ce qu’on est entrain d’avoir comme potentialité permettra justement d’asseoir à l’horizon 2030 de nouveaux systèmes de production basés sur l’incitation du secteur privé, l’incitation des jeunes entrepreneurs afin que les productions puissent contribuer à l’alimentation surtout au niveau des zones rurales« , confie l’expert.
Concernant la pêche continentale, il fait observer qu’il y a un grand potentiel au niveau des retenues des barrages, indiquant que l’estimation de la production annuelle est près de 15.000 tonnes de poissons d’eau douce. « Le modèle fait que ces poissons issus de la pêche continentale soient aussi valorisés, conditionnés à travers des stations de conditionnement de telle sorte que le poisson peut être commercialisé dans les bonnes normes sanitaires et que les pêcheurs peuvent cibler les grandes villes à la différence de ce qui se passe actuellement« , note Laamiri.
Pour conclure, le chef du département insiste sur la contribution à l’approvisionnement des marchés en poissons à travers des systèmes de production respectueux à l’environnement pour que l’aquaculture soit durable et résiliente aux effets du changement climatique.