Face au réchauffement climatique, nous avons peut-être atteint le point de “non-retour”

 

“The Guardian” alerte sur une dégradation du climat “catastrophique”, alors même que deux sociétés énergétiques européennes enregistrent des bénéfices records. Un constat qui pousse le quotidien britannique à se demander : est-il encore possible de faire machine arrière ?

Quatre personnes en combinaison au cœur de la nuit, éclairées par le rouge des flammes qui les entourent. Face à elles, un gigantesque feu de forêt comme il y en a eu tout l’été autour du globe. Sur la couverture du vendredi 28 octobre du Guardian, le blanc des lettres tranche avec l’ambiance apocalyptique de l’image. “Le non-retour ?” titre le quotidien britannique.

Un graphique traverse la page, et récapitule les chiffres publiés le 27 octobre par l’entreprise pétrolière Shell. Celle qui compte parmi les plus grandes sociétés énergétiques européennes a affirmé avoir réalisé des bénéfices exceptionnels au cours du dernier trimestre, un bilan que la compagnie Total semble également observer.

“Le revenu net des producteurs mondiaux de pétrole et de gaz devrait doubler en 2022 pour atteindre un montant record de 4 000 milliards de dollars”, confirme l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Une déclaration que The Guardian justifie : “Les géants du pétrole et du gaz enregistrent une montée en flèche de leurs bénéfices, grâce à une demande qui a bondi après le Covid et depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.”

Le titre londonien met ce constat en perspective avec les derniers rapports publiés par les agences environnementales de l’ONU. “Nous vivons des moments vraiment sombres”, déplore le climatologue suédois Johan Rockström, avant d’ajouter : “La fenêtre de 1,5 °C est en train de se fermer à l’heure où je parle. C’est très dur !

Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale [et] vers des niveaux de réchauffement planétaire délétères pour l’économie”, a affirmé de son côté Antonió Guterres, mercredi 26 octobre. Le secrétaire général de l’ONU a ensuite appelé tous les pays du G20, responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre planétaires, à montrer l’exemple.

Les plans d’action prévus par les gouvernements d’ici 2030, exécutés comme prévu, causeraient quand même une augmentation du réchauffement de la planète de 2,5 °C, “ce qui condamne le monde à un catastrophique dérèglement climatique”, alerte The Guardian.

Une solidarité plus fragile que jamais

Les chercheurs, eux, l’affirment : plus que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, il y a un besoin d’action collective. “Mais pour ce qui est de notre capacité à agir ensemble, nous traversons un creux jamais atteint dans toute notre histoire”, regrette Johan Rockström.

Pour autant, les scientifiques s’accordent à dire que chaque geste en faveur de la préservation du climat n’est pas à négliger. Dave Reay, professeur à l’université d’Édimbourg, mesure l’impact du moindre engagement : “Chaque fraction de degré gagnée, c’est autant de dégâts considérables évités pour les générations futures.”

L’heure est à l’action, à près d’une semaine de l’ouverture de la COP27 sur les changements climatiques, qui se tiendra en Égypte du 6 au 18 novembre 2022. Un événement auquel “le nouveau Premier ministre, Rishi Sunak, ne participera pas”, souligne The Guardian.

Source: courrier international