D’ici 2100, ces minuscules pays insulaires risquent d’être totalement engloutis par les eaux
14 octobre 2022
14 octobre 2022
Cinq États du Pacifique, les Maldives, les îles Tuvalu, Marshall, Nauru et Kiribati, pourraient disparaître à cause de la montée du niveau de la mer due au changement climatique. Découvrez ces îles en images.
Des États engloutis par les eaux. C’est bien ce qui pourrait se passer d’ici 2100 selon une étude citée par les experts climat de l’Onu (Giec) pour cinq états du Pacifique et leurs 750 000 habitants : les Maldives, Tuvalu, les îles Marshall, Nauru et Kiribati. Alors que le niveau de la mer a déjà gagné 15 à 25 cm depuis 1900 – dans certaines zones tropicales notamment – si la hausse des émissions se poursuit, le niveau de l’eau pourrait gagner près d’un mètre supplémentaire autour des îles du Pacifique et de l’océan Indien d’ici la fin du siècle. Cela reste certes au-dessous du point culminant des petits États insulaires les plus plats mais la montée des eaux va s’accompagner d’une multiplication des tempêtes et des vagues-submersions : l’eau et la terre seront contaminées par le sel, rendant nombre d’atolls inhabitables bien avant d’être recouverts par la mer. « Nous n’avons jamais vu un État perdre complètement son territoire en raison d’un événement physique comme la montée de l’océan », note Sumudu Atapattu, de l’université de Wisconsin-Madison.
L’archipel des Maldives est composé de 1 200 îles et îlots dont le point culminant s’élève à 2,30 m. Dans cette myriade d’atolls et lagons, 137 îles ont été concédées à des entreprises hôtelières pour une durée avoisinant les cinquante ans. Les touristes raffolent de ces îles paradisiaques : 1,15 million de visiteurs ont été recensés depuis janvier 2022, rapporte la Première de Francetvinfo .
Les plus nombreux dans cette clientèle touristique ? Les Indiens, les plus proches, puis les Russes, qui demeurent nombreux malgré la guerre en Ukraine, suivis des Anglais, des Allemands, et des Italiens devant les Français. L’aéroport de Malé, la capitale des Maldives, voit atterrir entre 8 et 16 vols par heure au plus fort de la journée ! Mais au vu de la menace climatique – qui avait poussé en 2009 le président de l’époque, Mohamed Nasheed, à tenir un conseil des ministres sous les eaux, avec combinaisons et bouteilles de plongée pour attirer l’attention – le tourisme responsable est de mise. « Dans les hôtels, sacs et bouteilles en plastique sont bannis. Et il est interdit de jeter le moindre déchet dans la mer », affirme l’un des responsables du groupe hôtelier Universal Resorts, Mohamed Hamdhoon à Ouest-France.
Les trois archipels des Kiribati sont constitués d’une trentaine d’atolls coralliens dispersés sur 900 km2 de terres émergées. Début juillet 2022, le pays de 120 000 habitants avait fait parler de lui en se retirant du Forum des îles du Pacifique, qui réunit des pays indépendants de l’Océanie. En cause : le sentiment d’être mis à l’écart par d’autres pays membres de l’instance. Mais des experts soupçonnent Pékin d’être à l’origine de ce départ. Les installations militaires américaines à proximité de l’île et ses ressources marines en font un point stratégique pour la Chine.
Côté environnement, son ministre du Tourisme, du Commerce, de l’Industrie et des Coopératives, Bootii Nauan, a affirmé, vendredi 7 octobre 2022, l’engagement de son pays en matière de développement du tourisme durable.
Menacés de submersion, les 12 000 habitants de ce petit archipel réfléchissent au moyen de faire subsister leur culture et leur patrimoine, et leur statut d’État même après sa disparition. Des responsables ont alors émis une idée : créer un jumeau numérique du territoire dans le métavers. Cela permettrait de garder une trace de l’île… mais pas pour autant de sauver sa population. « Nous ne pouvons pas numériser les gens », alerte le haut-commissaire, cité par BFMTV , rappelant l’urgence de sauver ses habitants avant tout. Lors de la COP26 en 2021, Simon Kofe, le ministre des affaires étrangères du pays, avait tenu un discours, de l’eau jusqu’aux genoux pour alerter le monde sur la menace de disparition de l’île.
Le Premier ministre des Tuvalu, Kausea Natano, et le président des îles Marshall David Kabua, avec le soutien de pays comme l’Allemagne, les États-Unis et le Canada, ont annoncé en marge de l’Assemblée générale de l’Onu à New York, début septembre 2022, une nouvelle initiative baptisée « Nations montantes » afin de préserver leur héritage face à la menace existentielle posée par le réchauffement climatique.
Tuvalu, Kiribati et les îles Marshall appellent à un accord garantissant leur « existence de façon permanente », en quatre points : réaffirmer l’engagement de la communauté internationale à garantir leur souveraineté ; lancer un programme d’adaptation afin de protéger leurs modes de vie ; créer un répertoire afin de préserver l’héritage culturel des îles et enfin assurer le soutien de pays afin d’obtenir le statut de Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco.
Les Îles Marshall ont été sous possession allemande puis japonaise avant d’être conquises par les Américains en 1944. Et de devenir le terrain de leurs expérimentations nucléaires. 67 essais ont été effectués entre 1946 et 1958 sur les atolls de Bikini et d’Eniwetok. En héritage : une décharge nucléaire coiffée d’un dôme de béton maintenant fragilisé. La structure radioactive, comparée à un « cercueil » est menacée par la montée des eaux provoquée par le réchauffement climatique. À ce propos, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté vendredi 7 octobre 2022 une résolution visant à aider les Îles Marshall à obtenir justice pour les conséquences des essais nucléaires américains sur leur territoire.
Malgré tout, la république des Îles Marshall reste liée aux États-Unis par un accord-cadre de libre association signé en 1986. Grâce à cet accord, les États-Unis bénéficient d’un accès exclusif aux terres et aux voies navigables des Marshall. En échange, ils assurent la sécurité et la défense du micro-pays et leur procurent une aide financière essentielle à son économie : l’aide internationale représente 70 % du PIB de l’archipel. Ses 58 500 habitants vivent autrement majoritairement de la pêche.