Des fossiles vieux de 500 millions d’années éclairent sur l’apparition des premiers animaux dotés d’un squelette
10 novembre 2022
10 novembre 2022
Des fossiles particulièrement bien préservés découverts en Chine offrent un éclairage sur les premiers animaux dotés d’un squelette, apparus durant le Cambrien.
Les premiers animaux à construire des squelettes durs et robustes apparaissent soudainement dans les archives fossiles, en un clin d’œil géologique, il y a environ 550 à 520 millions d’années, lors d’un événement appelé l’explosion cambrienne. Beaucoup de ces premiers fossiles sont de simples tubes creux allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres de longueur. Mais difficile d’en savoir plus sur ces créatures tubicoles dont les corps mous ne se conservent habituellement pas. Faute d’indices anatomiques, impossible, donc, de les comparer aux espèces actuelles ni de les classer dans l’arbre de l’évolution. Mais de nouveaux spécimens exceptionnellement bien conservés offrent enfin des réponses.
Ils proviennent de la province du Yunnan, en Chine, et sont âgés de 514 millions d’années. Parmi eux, les paléontologues de l’Université d’Oxford ont identifié 4 fossiles de Gangtoucunia aspera, avec des tissus mous préservés. Cette espèce tubicole parfois classée au sein du grand groupe des « vers » restait mystérieuse. Mais l’examen des impressions sur la roche a permis d’identifier des morceaux d’intestins et de pièces buccales. Ceux-ci révèlent que cette espèce avait une bouche bordée d’un anneau de tentacules lisses et non ramifiés d’environ 5 mm de long. Ils étaient sans doute dédiés à la capture des proies. Leur description comprend aussi la présence d’un intestin doté d’un orifice unique, divisé en cavités et qui remplissait toute la longueur du tube.
De telles caractéristiques sont observées, aujourd’hui, chez les méduses, les anémones de mer et les espèces apparentées. Tout ce petit monde forme le groupe des cnidaires et il semble bien que Gangtoucunia en soit aussi un des membres. Selon les auteurs, qui publient leur découverte dans les Proceedings of the Royal Society B, l’animal ressemblait aux polypes des méduses modernes, qui représentent leur stade de vie benthique. Toutefois, le tube de Gangtoucunia était fait de phosphate de calcium, un minéral dur entrant dans la composition de nos dents et os. L’utilisation de ce matériau pour construire des squelettes est devenue plus rare chez les animaux au fil du temps.
Le fossile a été extirpé d’un site, Gaoloufang, à Kunming, dans la province orientale du Yunnan, en Chine. Dans cette zone, il règne des conditions spéciales avec un faible enrichissement en oxygène, ce qui limite la prolifération des bactéries qui dégradent normalement les tissus mous dans les fossiles. Si la place de Gangtoucunia dans l’arbre de l’évolution semble désormais établie, les chercheurs expliquent aussi qu’ils ont mis au jour d’autres tubes qui pourraient appartenir à des groupes différents et notamment être reliés aux vers marins ou aux vers à pattes qui sont apparentés aux arthropodes modernes. L’adoption du mode de vie tubicole durant le Cambrien a semble-t-il concerné plusieurs lignées différenciées et pourrait être liée à l’apparition de grands prédateurs à cette époque, expliquent les scientifiques.