« L’état d’urgence des océans » déclaré par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres
1 juillet 2022
1 juillet 2022
Une conférence internationale se tient à Lisbonne sous l’égide de l’ONU, alors que la fragilité des écosystèmes marins, qui absorbent une bonne part du CO₂, inquiète.
Stabilité du climat, sécurité alimentaire et plus globalement maintien de la vie sur Terre : l’océan incite à la gravité et aux avertissements inquiets. « Malheureusement, nous avons pris l’océan pour acquis. Nous sommes actuellement confrontés à ce que j’appellerais un état d’urgence des océans, a ainsi déclaré le secrétaire général des Nations unies, le Portugais Antonio Guterres, en ouverture de la conférence qui se tient à Lisbonne jusqu’au 1er juillet, sous l’égide de son institution. L’océan n’est pas un dépotoir. Il n’est pas une source de pillage infinie. C’est un système fragile dont nous dépendons tous », a-t-il martelé.
Des milliers de personnes – représentants d’Etats et de gouvernements, d’instituts de recherche, d’entreprises, d’organisations non gouvernementales (ONG) – ont fait le déplacement pour participer à ces rencontres organisées par le Portugal et le Kenya, retardées par la pandémie de Covid-19, après une première édition en 2017. Le rôle de gigantesque atténuateur du changement climatique joué par l’océan est mieux connu désormais, ce qui lui vaut une place nouvelle dans l’agenda international. Le milieu marin produit la moitié de l’oxygène de la planète, absorbe un quart du CO2 dû aux énergies fossiles et plus de 90 % de l’excédent de chaleur résultant des activités humaines depuis les années 1950. Pour cela, il a besoin d’écosystèmes en bonne santé, mais aussi d’actions politiques urgentes car il se réchauffe, se dilate, s’acidifie, perd de son oxygène et étouffe sous les pollutions… L’ONU rapporte que « plus de la moitié des espèces marines pourraient avoir disparu d’ici à 2100 ».
S’inscrire Politique de confidentialité Comme un préambule au rendez-vous de Lisbonne, les représentants des pays membres du G7 ont affirmé solennellement le 28 juin qu’un « océan propre, sain et productif, doté d’écosystèmes marins résilients, est essentiel à toute vie sur Terre ». Et ils ont promis de s’engager pour la « protection, conservation, restauration et l’utilisation durable et équitable de l’océan mondial ». La conférence de l’ONU constitue le cadre adéquat pour rendre ces promesses concrètes, mais elle n’est pas une instance de négociations. Elle offre avant tout une tribune multilatérale où rivaliser d’éloquence en faveur du monde marin et, pour certains, des promesses d’engagements financiers. Elle est également l’occasion pour les scientifiques d’échanger entre eux.
Le sort de la haute mer examiné Le programme des « débats interactifs » en assemblée plénière porte cette année sur la gestion et la conservation des écosystèmes marins et côtiers, les questions posées par l’acidification, la désoxygénation et le réchauffement des océans, l’amélioration des connaissances scientifiques, des technologies, le soutien de la pêche artisanale… Certains sujets épineux, comme la démesure de grands chalutiers congélateurs, n’y figurent pas. Une multitude d’événements parallèles sont destinés à mobiliser énergies et financements sur des sujets tels que l’aquaculture durable, les énergies renouvelables offshore, la pêche illégale, etc.
L’instauration d’un texte juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité dans cette vaste zone est en discussion depuis vingt ans au sein de l’ONU. Une alliance des pays demandant que ce traité soit adopté d’ici à la fin 2022 s’était créée à Brest, en février, lors du One Ocean Summit. La ministre de la transition écologique, Amélie de Montchalin, est venue annoncer que cette coalition compte désormais 48 Etats, dont les 27 de l’Union européenne. Les prises de position des Etats durant ce rendez-vous onusien sont scrutées par la société civile et les représentants des ONG.
Lorsque Emmanuel Macron déclare : « Nous devons nous fixer, comme lors des accords de Paris en 2015 [sur le climat], des objectifs ambitieux pour la biodiversité et singulièrement pour les océans », les organisations présentes, Green Cross notamment, le renvoient au décret publié sous son mandat le 12 avril. Ce texte affaiblit la notion de protection forte dans le cœur des aires protégées françaises, en affirmant que les « activités humaines susceptibles de compromettre la conservation des enjeux écologiques » peuvent ne pas y être interdites, mais seulement « fortement limitées ».