Russie : les partenaires du projet Arctic LNG 2 visent toujours un début de production en 2023
3 novembre 2022
3 novembre 2022
Mitsui a une participation minoritaire dans le mégaprojet situé dans la péninsule de Gydan, dans l’Arctique russe, dont la capacité totale à terme sera de près de 20 millions de tonnes de GNL lorsque les trois trains (ensembles d’échangeurs thermiques et de compresseurs permettant la liquéfaction du gaz) seront en production.
Tetsuya Shigeta s’exprimait mardi lors d’une conférence de presse à Tokyo. Il a déclaré que son entreprise a l’intention de rester dans le projet gazier et pétrolier Sakhalin 2, dans l’Extrême-Orient russe, ainsi que dans le projet Arctic LNG 2, tout en se conformant aux sanctions des pays occidentaux à l’égard de la Russie, afin de contribuer à la sécurité énergétique du Japon.
Ses propos allaient dans le même sens que ceux de Leonid Mikhelson, président du conseil d’administration de l’entreprise gazière russe Novatek, qui chapeaute le projet Arctic LNG 2. Fin octobre, M. Mikhelson déclarait que, malgré les retards, l’entrée en production était toujours prévue en 2023.
« Bien sûr, les sanctions nous ont nui. Nous avons fait des efforts pour ce qui est de l’industrie et de solutions d’ingénierie. Nous avons également réussi à obtenir les principaux équipements pour les trois trains du projet Arctic LNG 2. Nous avons aussi trouvé des solutions technologiques pour éviter le retard », disait-il dans un article du média spécialisé russe PortNews du 27 octobre.
Les sites de transbordement de Mourmansk, dans le nord-ouest du pays, et du Kamtchatka, à l’extrême-est de la Russie, doivent aussi être opérationnels en 2023, ajoutait-il.
Or, le lendemain, lors d’une réunion à Bakou, en Azerbaïdjan, M. Mikhelson a affirmé aux journalistes que le financement externe du projet avait été suspendu « en raison de changements techniques ». Malgré tout, l’entreprise comptait sur une reprise du financement « avec les mêmes créanciers » début 2023. Le financement externe représente environ la moitié du coût du projet de 21 milliards de dollars.
Le projet a notamment reçu des de créanciers russes, chinois et européens. L’Italie a retiré son financement en mars 2022 dans la foulée de l’invasion russe en Ukraine. La Banque japonaise pour la coopération internationale a fait de même au printemps.
De grandes entreprises occidentales spécialisées dans les forages et la pétrochimie, dont l’italienne Saipem, la française Technip et l’américaine Baker Hughes, se sont retirées du projet ces derniers mois à la suite de l’invasion en Ukraine et des sanctions prises à l’encontre de Moscou.
En août, le journal russe Kommersant rapportait que Novatek s’était tournée vers l’entreprise turque Karpowership pour lui fournir l’équipement nécessaire à l’approvisionnement électrique dans ses installations.
Puis, début octobre, le média spécialisé Intelligence Online révélait que Novatek avait réussi à obtenir d’une entreprise récemment créée aux Émirats arabes unis, Green Energy Solutions, les technologies nécessaires au parachèvement du projet, que ses anciens partenaires occidentaux étaient censés fournir. Regard sur l’Arctique a tenté d’avoir une confirmation de cette information de la part de Novatek, mais n’a pas obtenu de réponse.
Les entreprises qui ont une participation dans le projet Arctic LNG 2 sont la russe Novatek (60 %), la française TotalEnergies (10 %), les chinoises CNPC (10 %) et CNOOC (10 %) et le consortium Japan Arctic LNG (10 %), formé de Mitsui et de JOGMEC.
Même s’il est visé par les sanctions occidentales, le secteur pétrolier et gazier continue d’être une importante source de revenus pour l’État russe. Moscou profite des prix élevés de l’énergie et réoriente une partie de sa production anciennement destinée aux pays occidentaux vers des pays d’Asie, dont la Chine et l’Inde.