“La formation, c’est un frein”
Le sujet de la formation des Polynésiens a ainsi largement été évoqué comme un enjeu prioritaire du secteur. “La formation, c’est un vrai frein. Mais plus que la formation, l’exigence de titres et diplômes”, explique Stéphane Renard, du Cluster maritime polynésien. “On n’a pas du tout adapté, soit les moyens de formation à cette volonté de titres et diplômes, soit on a des titres et diplômes qui ne sont pas adaptés à la réalité du Pays. Ça, c’est un vrai frein et ça éloigne les Polynésiens de ces filières et de ces carrières.”
Un peu plus loin, le président du syndicat des armateurs, Philippe Wong, confirme pour son secteur d’activité. “Les marins actuels sont limités au niveau de leurs brevets”, explique le patron de l’Aranui. “Les Taporo, Hawaiki, Nuku Hau… Pour piloter ces bateaux-là, il faut au moins passer le brevet de capitaine 3 000. Ce brevet, il n’existe pas depuis un petit moment. Et il y a à peu près 25 dérogations que l’administration accepte de renouveler pour le moment. Ils jouent tous le jeu, mais c’est une mauvaise solution.” Pour ce seul brevet, la formation diplômante devait être lancée en 2019. Elle ne le sera qu’en 2023.
Plus généralement, le Pays mise sur son futur Campus des métiers de la mer pour pallier un “manque de formations” et “des métiers en tension”, concède le conseiller technique du ministre des Ressources marines, Christophe Misselis. “C’est un ensemble de parcours de formations qui vont de la production primaire – la pêche, l’aquaculture, la perliculture –, mais jusqu’aux services également – dans le tourisme notamment –, en passant par la construction navale ou la réparation navale”, explique-t-il. “Il s’agit d’organiser la formation et des parcours de bac-3 à bac+3, des CAP aux licences, sur des métiers en tension où il y a véritablement besoin de main-d’œuvre.” Un campus prévu pour septembre 2023.
Le dock flottant, une priorité
Parlant de construction navale, un second sujet – encore plus concret – a également animé plusieurs des débats mercredi matin : celui de l’opportunité pour le Pays de se doter de son propre “dock flottant”. Depuis plusieurs décennies, c’est le dock de l’Armée qui est utilisé dans le Port de Papeete pour les besoins des navires civils. “Mais aujourd’hui, les besoins des armateurs dépassent la capacité du dock de la Marine. Donc, il y a deux questions”, explique le contre-amiral Geoffroy d’Andigné. “D’une part, celle de l’avenir et de la capacité du dock. Aujourd’hui, il est valide jusqu’en 2030 et il pourrait être prolongé. Les choses sont à l’étude et, des éléments dont je dispose, une décision devrait être prise d’ici 2025. D’autre part, il y a la question du volume, des emplacements et de ce qu’on fait avec ce dock. Et là, les besoins de la Marine pour son dock ne convergent pas avec les besoins du Port.”
Côté armateurs et côté Cluster, la priorité du dossier ne fait aucun doute. Certains navires civils, les plus gros et les plus récents comme le Paul Gauguin ou l’Aranui, sont contraints de convoyer jusqu’en Australie pour trouver un dock à leur taille. “Le Pays doit se doter d’un moyen de levage civil pour passer cette transition vers les flottes futures, renouveler les flottes, réduire les impacts des navires, être plus performant économiquement avec ces navires”, insiste Stéphane Renard, du Cluster maritime. “On a besoin d’un outil structurant nouveau et moderne pour les 30 à 40 ans qui viennent.”
La clôture du Forum est prévue jeudi après-midi, avec restitution des ateliers et “liste des projets structurants”. Gageons que ces derniers ne manqueront pas.