« Monaco a cette capacité à porter la voix de l’Océan »: ce qu’il faut retenir de la nouvelle exposition consacrée au prince Rainier III au Musée océanographique

 

Depuis début décembre, le Musée océanographique a ouvert une nouvelle exposition permanente dans le cadre des festivités du centenaire du souverain Rainier III. « Le Prince et la Méditerranée », occupe toute la salle Monaco du premier étage du musée.

Et si aujourd’hui, la Principauté est aussi influente sur la scène internationale sur les questions maritimes, c’est aussi et surtout grâce au travail du « Prince bâtisseur ».

Pour Monaco-Matin, le directeur adjoint du Musée océanographique, Cyril Gomez, revient sur l’intime relation que le prince Rainier III entretenait avec les fonds marins.

Comment a germé l’idée d’une exposition permanente sur le Prince Rainier III et son rapport à la mer?
Ceux qui connaissaient Rainier III savaient qu’il était « le prince bâtisseur ». Les gens qui s’intéressent à l’environnement et au développement durable savent également que c’était un précurseur sur les sujets de protection de l’environnement. Cela, c’est beaucoup exprimé au travers de projets politiques ou techniques qu’il a pu mener en faveur de la protection de la Méditerranée. C’était donc assez naturellement, au Musée, qu’on s’est demandé comment contribuer aux commémorations du centenaire de la naissance du souverain Rainier III. On a donc pensé qu’il fallait rendre justice à l’action du souverain.

Peut-on dire que le Prince était avant-gardiste sur ces questions là?
Non seulement il l’était mais ce qu’il a fait s’inscrit dans la durée. Beaucoup d’actions sont encore très vivantes aujourd’hui […] On voulait mettre son amour de l’Océan et de la mer Méditerranée en avant et montrer que l’héritage est toujours vivant.

Quand Rainier s’opposait à De Gaulle sur le nucléaire

À ce sujet, quelles sont justement les dates marquantes du règne de Rainier III?
Il y a un moment vraiment fort, c’est en 1959 au Musée océanographique, où le Prince organise la première conférence sur l’accumulation des déchets radioactifs sur terre et en mer. À une époque où le gouvernement français sous Charles de Gaulle avait pour projet d’immerger des déchets nucléaires en mer. Le souverain s’était positionné clairement contre ce projet, avait réuni sept conférences scientifiques. L’implantation du laboratoire de l’environnement de l’AIEA à Monaco découle de cette initiative. En 1976, il fonde l’aire marine protégée du Larvotto et la même année, il établit l’accord Ramoge, assez novateur et très opérationnel, qui est une coopération locale entre Gênes et Saint-Raphaël, entre trois pays, sur des thématiques environnementales. Puis 1999 avec l’accord Pelagos, qui consacre le sanctuaire du même nom protégeant les cétacés sur une zone étendue entre l’Italie, Monaco et la France.

Toutes ces entreprises rendent-elles la Principauté légitime et influente sur la scène internationale lorsqu’il s’agit d’environnement?
Très clairement, oui. Finalement, ce que je viens de vous dire sur l’action du Prince Rainier III, l’histoire qu’on raconte dans cette exposition, s’inscrit dans une dynastie de princes qui, depuis Albert 1er – qui a fondé le Musée – portent vraiment la défense du marin très concrètement. C’est une évidence que Monaco, avec l’engagement aujourd’hui du souverain Albert II, a une voix particulière sur le maritime.
C’est à la demande de la Principauté qu’on a eu le premier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sur la cryosphère. Monaco a cette capacité à porter la voix de l’Océan sur la scène internationale.

Après trois semaines d’exposition, avez-vous déjà eu des retours de visiteurs?
On a eu des retours. Et ils sont positifs. On a essayé de créer des espaces divisés en quatre temps. C’est assez intimiste et les décors sont inspirés du navire princier le Deo Juvante II. On raconte des histoires à travers ces espaces, on amène à découvrir l’homme, le père de famille, le navigateur, le plongeur. Dans le deuxième espace représentant son bureau, qu’on a reconstitué à partir de photos, il y a une télévision retraçant son action politique. À la fin du clip, une archive montre un journaliste qui mène une interview avec le souverain Rainier III. Et il lui dit: « Vous êtes un empêcheur de polluer en rond ».

Source: nice-matin