L’Italie sera submergée par la mer beaucoup plus qu’on ne le pensait
2 février 2024
2 février 2024
Les côtes méditerranéennes pourraient être plus à risque que prévu. Les estimations publiées en 2021 par le GIEC sur l’élévation du niveau de la mer au cours du siècle prochain sous-estimeraient en effet les dangers réels, ne prenant pas en compte le phénomène d’affaissement, c’est-à-dire l’abaissement du sol causé par des phénomènes naturels ou l’activité humaine. C’est ce qu’affirme une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Institut national de géophysique et de volcanologie (INGV) et du Radboud Radio Lab du département d’astrophysique de l’Université de Radboud (Pays-Bas), publiée ces dernières semaines dans la revue Environmental Research Letters.
Les analyses du GIEC n’ont en effet pris en compte que les effets du réchauffement climatique sur la fonte des glaces, et l’élévation du niveau de la mer qui en résulte et qui en résulte sous l’effet de l’afflux d’eau. Mais dans les zones où l’affaissement des terres est particulièrement accentué, les effets de l’élévation du niveau de l’eau de mer s’ajoutent à ceux de l’abaissement des terres, produisant des risques d’inondation beaucoup plus importants pour les zones côtières. Et c’est le cas du bassin méditerranéen.
« La Méditerranée se caractérise par une forte variabilité des mouvements verticaux des côtes, qui varient d’une zone à l’autre en raison de l’activité tectonique, volcanique et anthropique », explique Enrico Serpelloni, chercheur à l’INGV et co-auteur de l’étude. « Pour nos recherches, menées dans le cadre des projets SAVEMEDCOASTS, SAVEMEDCOASTS2 et Pianeta Dinamico, nous avons utilisé les données des nombreuses stations géodésiques satellitaires GNSS situées à moins de 5 km de la mer, avec lesquelles nous pouvons calculer, avec une précision millimétrique, les vitesses de déplacement vertical du sol ».
Les chercheurs ont mis à jour les projections du GIEC jusqu’en 2150 pour 265 zones de la Méditerranée afin d’inclure des données sur les affaissements. Et les résultats ont montré que dans certaines zones des côtes méditerranéennes, l’augmentation du niveau de l’eau est en fait trois fois plus importante que dans les zones plus stables.
« L’élévation du niveau de la mer et l’affaissement signifient qu’environ 38 500 km2 de littoral méditerranéen – dont environ 19 000 km2 dans le seul secteur nord du bassin – seront bientôt plus exposés au risque d’inondation marine, avec par conséquent des impacts plus importants sur l’environnement, les activités humaines et les infrastructures », conclut Marco Azidei, chercheur à l’INGV qui a participé à l’étude. « Il est donc nécessaire de prendre des mesures concrètes pour soutenir les populations côtières qui seront de plus en plus vulnérables à l’élévation du niveau de la mer et aux risques accrus qui y sont associés d’ici la fin du siècle et au-delà. »