L’impact du réchauffement des océans discuté lors de la conférence de Nations unies pour la décennie de l’océan

 
Cette semaine à Barcelone, en Espagne, se tient la conférence des Nations unies pour la décennie de l’océan, afin de mesurer l’impact du changement climatique sur les océans. L’accord de l’ONU sur la protection de la haute mer devrait être discuté. Accord signé pour le moment uniquement par le Chili.

Les scientifiques et dirigeants du monde entier sont réunis à Barcelone, du 10 au 12 avril pour essayer d’agir sur le réchauffement des océans, lors de la conférence des Nations unies pour la décennie de l’océan. Après la décennie pour la biodiversité, qui s’est terminée en 2020, les Nations Unies ont en effet lancé en 2021, la décennie de l’océan. Ces 10 ans de travaux et de réflexions vont permettre de comprendre le rôle majeur joué par les océans, dans la régulation du climat et les protéger.

« Je crois que l’enjeu majeur, c’est d’en savoir plus sur les océans parce qu’on connaît plus, d’une certaine manière, l’exploration de Mars, que la fosse des Mariannes, dit Olivier Poivre-d’Arvor, ambassadeur de France, pour les pôles et les enjeux maritimes. Le réchauffement des océans est dramatique, avec l’acidification, la perte d’oxygénation et la disparition de ce puits de carbone qu’est l’océan. C’est une bombe qui est à peine à retardement. »

Lors de ces trois jours de conférence, ce sont surtout les experts qui auront la parole, puisque l’ONU souhaite mettre en avant le travail des scientifiques et des chercheurs. Il s’agit de sensibiliser la communauté internationale et de faire en sorte que les états prennent des décisions pour protéger les océans. Parmi les participants, se trouve Pierre Bahurel, directeur de Mercator Ocean, une organisation qui décrit et analyse l’océan. Les scientifiques de Mercator examinent notamment les vagues de chaleur marine. « On se retrouve pour faire des diagnostics qui ne sont pas très encourageants, mais plus les preuves seront incontestables, et plus on aura un mouvement qui sera intéressant, explique-t-il. Ce qui se traduit, ici à Barcelone, c’est une rencontre entre le politique et le scientifique. »

La conférence se terminera par la publication d’une série de livres blancs et une déclaration commune. Elle ne sera pas contraignante pour les états, mais elle servira de base de travail, avant la grande conférence des Nations Unies, sur l’océan qui se tiendra à Nice en 2025.

 

Le Chili, précurseur dans la protection des océans

 

Le Chili a été le premier pays au monde à ratifier l’accord historique de l’ONU pour protéger la haute mer, en janvier 2024. Actuellement, seules 1% des eaux internationales sont protégées, mais l’accord ambitionne d’aller jusqu’à 30% d’ici 2030. Pour que le texte entre en vigueur, il faut qu’au moins 60 pays le ratifient, ce qui est loin d’être le cas pour l’instant. En étant le premier à le faire, le Chili affirme haut et fort sa détermination à préserver les océans de la planète.

Le pays a été parmi les principaux défenseurs de cet accord, qui a tout de même mis 20 ans à aboutir. Mais tous les gouvernements chiliens de ces deux dernières décennies sont allés dans le même sens. Le Sénat a d’ailleurs approuvé l’accord de l’ONU à l’unanimité. Ce serait la première fois qu’un cadre légal établit des règles pour protéger et réguler les eaux internationales, en créant, par exemple, des aires marines protégées, afin de conserver la faune marine, éviter la surpêche ou encore le pillage des fonds marins. Sur son territoire maritime, le Chili protège déjà 44% de sa ZEE, sa Zone Économique Exclusive.

Le Chili a d’abord un intérêt environnemental de vouloir protéger la haute mer. Au large de ses côtes, à plus de 3 000 kilomètres du continent, se trouve la chaîne de montagnes sous-marines, Salas y Gómez et Nazca, où transitent de nombreuses espèces sous-marines rares dont la biologie est exceptionnelle.

Cette chaîne de montagnes connecte les parcs marins de l’île de Pâques et des îles Desventuradas, des territoires chiliens, donc, mais entourés par les eaux internationales. Alors pour protéger la biodiversité de ses archipels, plusieurs scientifiques chiliens soulignent l’importance de préserver l’ensemble de ces territoires marins de l’océan Pacifique.

Le Chili a aussi des intérêts économiques, puisque le pays possède 4 000 kilomètres de côtes. Alors en protégeant la haute mer, qui est directement liée aux zones côtières, le Chili protège aussi son littoral et toute l’économie qui en découle. Cela représente 60 000 emplois et plus de 6 milliards de dollars au PIB annuel. Le Chili est aussi le douzième pays au monde qui pêche le plus et le deuxième producteur de la planète en aquaculture. Tout un pan de son économie dépend de la bonne santé des écosystèmes en haute mer, mais aussi les populations locales, les petits pêcheurs, qui vivent de la mer et de ses ressources.

Source: france info