Les effets du changement climatique déjà visibles à Papenoo et Rangiroa

 
Le CEREMA, Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, le confirme dans une étude parue le 5 Avril dernier. Les projections sur le recul du trait de côte sont alarmantes. D’ici 2050, des centaines d’habitants devront quitter leur domicile.

Un morceau de terre arraché par la mer. Au Nord de la Grande Tahiti, une vingtaine de foyers souffrent de l’érosion côtière. C’est notamment le cas de part et d’autre de l’embouchure de la Papenoo, sur un kilomètre de long. La dépression Nat du mois de février a emporté 15 mètres du terrain familial de Teva Pani, riverain: « Cela fait mal car à l’origine, les grands parents de ma femme ne nous ont pas laissé les lieux dans cet état. Certains arbres, dont un cocotier, ont été emportés. Avec la famille on tente de s’organiser pour enrocher par nous-mêmes, car s’il faut attendre… (NDLR: les pouvoirs publics) »

De part et d’autre de l’embouchure de la Papenoo, sur un kilomètre de long, la dépression Nat du mois de février a emporté 15 mètres du terrain familial de Teva  

La dernière saison des pluies a été dévastatrice

 

Un peu plus loin, l’enrochement de l’école Mamu a tenu bon, mais pas le mur de clotûre. Les galets se sont mêlés aux vagues. Sur cette portion du domaine public, la commune et le pays pourront intervenir.
Mais pas sur les propriétés privées, comme celle de Christophe Thuillier, où le terrain est comme éventré. « A chaque dépression qui passe, le phénomène s’accentue. Alors sans barrière de protection… La saison des cyclones de décembre à juin est toujours susceptible d’apporter beaucoup de dégâts ».

Au Nord de la Grande Tahiti, une vingtaine de foyers souffrent de l’érosion côtière.  

Toutes les communes n’ont pas les moyens de ré-enrocher les berges

 

Selon le premier adjoint de la mairie de Hitiaa O Te Ra, Teuira Letourneux, « on ne peut pas laisser la population livrée à elle même. Nos services vont attendre que la mer baisse un peu pour pouvoir faire venir une drague. Même si on ne peut pas acheter des rochers pour enrocher, on pourra récupérer ce qui est tomber et réaliser une protection sommaire ».

Il y 40 ans, riverains et baigneurs pouvaient encore profiter d’un bord de mer préservé par l’érosion.  

Tuamotu: 6 mètres de terre perdus en 25 ans

 

Les îles basses des Tuamotu ne sont pas épargnées.  A Rangiroa, même côté lagon, les habitants assistent, impuissants, à la montée des eaux. « Cela fait 25 ans que nous habitons ici, on a perdu environ 6 mètres de terre » constate, impuissant, Alexander Matarere, habitant de Ohotu. « Quand il y a des fortes houles, à marée haute, ça envahit même le chemin qui rejoint le quai. On se demande quel héritage foncier on va laisser à nos enfants ». 

Rangiroa fait partie des îles basses où les habitants les plus exposés ont vu la mer gagner jusqu’à 6 mètres à l’intérieur de leur propriété.  

Il n’est pas si loin le temps ou l’ont pouvait encore courir sur les plages de Papenoo. Mais pas de place pour la nostalgie. Aux Antilles, à la Réunion, à Mayotte, une étude démontre que d’ici 2050, le recul du trait de côte pourrait rendre des centaines de logements inhabitables. Le phénomène s’accélère aussi en Polynésie Française.

Source: france info