L’élévation du niveau de la mer affecterait un quart du littoral tunisien

 

Les défis climatiques les plus urgents de la Tunisie sont la pénurie d’eau, l’érosion côtière, et l’augmentation de la fréquence des inondations, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, qui propose une série de mesures urgentes pour la réduction des émissions de carbone qui contribueraient à stimuler la reprise économique du pays et la création d’emplois.

Le rapport, publié  voici quelques jours, indique que des mesures conjointes d’adaptation et d’atténuation pour lutter contre le changement climatique et décarboner le secteur de l’électricité peuvent stimuler la croissance du PIB à 8,8 % d’ici 2030, réduire la pauvreté et réduire les émissions liées à l’énergie. D’autre part, les retards dans la prise des mesures requises pourraient entraîner une augmentation des pertes de PIB de 3,4 % d’ici 2030, ce qui entraînerait à son tour des pertes annuelles prévues d’environ 5,6 milliards de dinars (1,8 milliard de dollars).

Un potentiel de la perte totale de terres de 1,6 milliard de dollars

 La Tunisie est confrontée à un défi majeur lié à la rareté de l’eau, qui nuit à la production agricole, car la réduction des précipitations et l’évolution des précipitations révèlent les lacunes de ce secteur, qui a besoin de mesures correctives pour s’adapter au changement climatique. Par ailleurs, le pourcentage de pertes d’eau dans la Société Nationale d’Exploitation et de Distribution de l’Eau est passé de 25% en 2010 à 34% en 2021.
Le rapport confirme également que l’élévation du niveau de la mer pourrait affecter environ un quart de la zone côtière de la Tunisie d’ici 2050, avec un potentiel de perte totale de terres de 1,6 milliard de dollars.

On s’attend à ce que la probabilité d’inondations catastrophiques soit multipliée par dix, et le coût de la réhabilitation des infrastructures routières à la suite de ces seules inondations pourrait atteindre 277 millions de dollars d’ici 2050. Ces risques mettent non seulement en péril les moyens de subsistance des personnes vivant sur la côte et dans les zones inondables, mais  également le  statut international du pays en tant que destination importante pour les voyages et le tourisme.

Le rapport appelle également à des actions stratégiques pour remédier à la pénurie d’eau, notamment la rationalisation de la demande en eau, le renforcement des réseaux de distribution pour réduire les pertes et le gaspillage d’eau, et la protection des écosystèmes, en particulier les bassins versants, les écosystèmes oasiens, les forêts et les zones humides afin d’accroître la disponibilité de l’eau et la résilience aux chocs climatiques.

Décarbonation = gains économiques

La décarbonisation du secteur de l’énergie en Tunisie offre également d’importantes opportunités en promouvant l’efficacité énergétique et en passant à des carburants verts dans les secteurs de l’utilisation finale et de la production d’électricité. L’énergie représentait 53 % du déficit commercial du pays et 58 % des émissions de gaz à effet de serre en 2022, ce qui met en évidence les liens complexes entre l’énergie et le cadre macroéconomique et budgétaire. La décarbonisation du secteur de l’énergie apportera des gains économiques importants en aidant la Tunisie à remédier aux déséquilibres extérieurs et à réduire les coûts de l’énergie, améliorant ainsi l’abordabilité des ménages tunisiens et augmentant la compétitivité des entreprises, tout en réduisant les émissions.

Le directeur régional de l’IFC pour l’Afrique du Nord, Sheikh Omar Sylla, a déclaré : « Le Rapport de Tunis sur le climat et le développement illustre l’importance de la collaboration public-privé pour faire face à des défis majeurs tels que le changement climatique. S’appuyant sur son partenariat avec la Tunisie dans le secteur des énergies renouvelables, l’IFC s’engage à soutenir le pays dans l’adaptation et l’atténuation des effets du changement climatique, tout en réalisant une croissance durable.

Compte tenu des défis macroéconomiques actuels en Tunisie, le rapport souligne l’importance de créer les conditions macrofinancières propices aux investissements pour atteindre ces objectifs. Cela nécessite de réorienter les dépenses publiques récurrentes vers des investissements publics plus urgents dans l’adaptation au changement climatique. Le rapport souligne également la nécessité de faciliter l’investissement du secteur privé dans les activités vertes, par exemple en supprimant les licences et les restrictions sectorielles, en simplifiant les procédures d’approbation des investissements privés et en réduisant l’influence réglementaire de ceux qui exploitent ces secteurs.

Source: African Manager