Le gouvernement du Nunavut veut ouvrir l’aire marine protégée de Tuvaijuittuq au tourisme

 

Le gouvernement du Nunavut fait volte-face et souhaite désormais autoriser les activités touristiques, récréatives et de pourvoirie dans la zone de protection marine de Tuvaijuittuq, dans l’Extrême-Arctique. Hormis certaines exceptions, aucune activité humaine n’y est actuellement autorisée depuis les cinq dernières années.

Le ministère de l’Environnement du Nunavut a récemment demandé au ministère des Pêches et des Océans du Canada (MPO) d’adopter une résolution qui reconnaît que certaines activités peuvent avoir lieu dans une zone de protection marine ou que des activités spécifiques de tourisme, de loisirs et de pourvoirie sont en cours en vertu de l’article 35.1 (1) (c) de la Loi sur les océans.

Notre soutien n’est pas simplement conditionnel, mais il dépend d’une action immédiate et importante de la part du MPO, a déclaré la sous-ministre territoriale de l’Environnement, Yvonne Niego, dans une lettre (Nouvelle fenêtre) (en anglais) adressée à la sous-ministre des Pêches et des Océans, Annette Gibbons, le 25 mars.

Selon Yvonne Niego, ces nouvelles considérations ont émergé à la suite de la signature de l’entente de dévolution avec le gouvernement fédéral, au mois de janvier.

Elle n’a toutefois pas donné de détails sur le type d’activités touristiques, récréatives et de pourvoirie qui sont précisément envisagées.

 

 

Dernier bastion de la glace marine

 

En inuktitut, Tuvaijuittuq signifie l’endroit où la glace ne fond jamais.

Selon le MPO, l’aire marine protégée est considérée comme l’un des derniers endroits au monde à conserver de la glace de mer toute l’année. Elle possède d’ailleurs la glace de mer la plus ancienne et la plus épaisse de l’océan Arctique.

Lorsqu’elle a été créée, en juillet 2019, la zone de protection marine est devenue la première au pays à faire l’objet d’une protection provisoire.

Une vue aérienne d'une étendue de glace et d'une chaîne de montagnes.

Une fissure formée en 2009 sur le plateau de glace Milne, situé sur la côte nord de l’île d’Ellesmere, au Nunavut.

Cette protection temporaire visait surtout à donner plus de temps au gouvernement du Canada, à l’Association des Inuit de Qikiqtani (QIA) et au gouvernement du Nunavut pour explorer la faisabilité de mesures de protection à long terme pour la zone.

Les paramètres de cette protection provisoire sont désignés dans un arrêté ministériel, établi en vertu de la Loi sur les océans. Actuellement, seules quelques exceptions s’y appliquent :

  • L’exercice des droits des Inuit de récolte des ressources fauniques, conformément aux droits ancestraux, énoncé dans l’Accord du Nunavut;

  • La recherche scientifique marine;

  • Les activités liées à la sûreté, à la sécurité et aux situations d’urgence;

  • Certaines activités menées par un ressortissant, une entité, un navire ou un État étrangers.

Au mois de juillet, l’arrêté ministériel arrivera toutefois à échéance. Le MPO souhaite le reconduire pour une période de cinq ans, mais le gouvernement du Nunavut le juge désormais trop restrictif.

Les mesures provisoires proposées, dans leur état actuel, semblent restreindre les activités de manière injustifiée, ce qui nous préoccupe grandement, affirme la sous-ministre de l’Environnement, dans sa lettre.

Une femme se tient devant une fenêtre, à Iqaluit, en mars 2023.

La sous-ministre de l’Environnement du Nunavut, Yvonne Niego. (Photo d’archives)

Le Ministère a décliné la demande d’entrevue de Radio-Canada, mais accepté de fournir une déclaration écrite. Une approche équilibrée permet une utilisation durable tout en protégeant l’environnement, soutient la porte-parole du Ministère, Leanne Babstock, dans un échange de courriels.

De son côté, le MPO affirme avoir reçu la demande du gouvernement territorial, mais n’a pas souhaité accorder d’entrevue. Pendant que le Ministère réfléchit à une réponse, il serait inapproprié de commenter davantage cette question, indique le conseiller en communications du MPO, Robert Rombouts, dans une déclaration écrite.

Entre juillet et septembre 2023, le Ministère a reçu l’appui des municipalités ainsi que des associations de chasseurs et de trappeurs des cinq communautés touchées, à savoir Grise Fiord, Resolute BayPond InletArctic Bay et Clyde River.

Source: Radio canada