La Méditerranée en ébullition
4 août 2023
4 août 2023
Les températures sont étouffantes dans le bassin méditerranéen avec des records atteints ces derniers jours : 49 °C à Tunis, 48,7 °C à Alger, 48,2 °C à Jerzu en Sardaigne, 43 °C à Izmir, en Turquie. Cette chaleur intense affecte les eaux de la Méditerranée, atteignant une température inédite de 28,71 ºC.
La Mer Méditerranée, l’un des trésors naturels les plus emblématiques de la planète, subit les conséquences du réchauffement climatique à un rythme alarmant. En juillet, un nouveau record de température moyenne a été battu avec une moyenne de 28,4°C, dépassant ainsi le record précédent de 0,15°C.
Ce réchauffement est le résultat d’une augmentation rapide des températures de surface de la mer, aggravée par des facteurs naturels tels que le manque de vent et de nuages sur la Méditerranée.
Le chercheur en océanographie spatiale au Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM), Thibault Guilnado, souligne que « battre un record de 0,15°C, c’est une quantité d’énergie colossale. Pour réchauffer l’océan, il faut mille fois plus d’énergie que pour l’air. Ce sont des quantités astronomiques. » Le réchauffement de la Méditerranée dépasse de loin la moyenne mondiale, progressant de 0,2°C par décennie, voire plus
Les conséquences de cette ébullition de la Méditerranée sont multiples. Tout d’abord, la biodiversité marine est fortement affectée. Les coraux, gorgones, oursins et mollusques souffrent de ces températures extrêmes, entraînant des mortalités massives et une perte d’habitats. Certaines espèces risquent de disparaître localement d’ici 2060, tandis que des espèces invasives profitent du réchauffement pour proliférer.
Outre les écosystèmes marins, la vie humaine est également impactée. Les canicules meurtrières se multiplient, exposant plus de 500 millions d’habitants à des risques de maladies et de décès liés à la chaleur extrême. Les épisodes météorologiques extrêmes, tels que les canicules, les tempêtes et les précipitations intenses, augmentent en fréquence, impactant les populations vivant le long des côtes méditerranéennes. De plus, la sécheresse affecte les récoltes agricoles, menaçant la sécurité alimentaire de la région. Enfin, la montée des eaux représente une menace pour les zones côtières, provoquant l’érosion des littoraux et mettant en péril les sites patrimoniaux.
Face à cette situation préoccupante, il est urgent d’agir pour limiter les effets du réchauffement climatique sur la Méditerranée. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies identifie des actions à mettre en place.
Il est essentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Cela passe par une transition vers des sources d’énergie propres et renouvelables, ainsi que par des politiques de réduction de la consommation d’énergie dans tous les secteurs.
Au niveau local, des mesures d’adaptation doivent être mises en place pour protéger les écosystèmes marins et les populations côtières. Il est nécessaire de restaurer et de protéger les habitats naturels, de promouvoir une gestion durable des ressources marines, et de limiter les activités polluantes et destructrices.
En parallèle, les individus peuvent également contribuer à la préservation de la Méditerranée en adoptant des gestes éco-responsables au quotidien. Diminuer la consommation électrique, utiliser moins d’eau, favoriser les circuits courts dans l’alimentation sont autant d’actions simples mais essentielles pour préserver cet écosystème unique.
Il est temps de prendre conscience de l’urgence climatique et d’agir collectivement pour protéger la Méditerranée et ses richesses naturelles. La Méditerranée ne peut pas attendre, il est de notre responsabilité de la préserver pour les générations actuelles et futures.
Rym Benzina Bourguiba, Présidente de La Saison Bleue