Dessalement de l’eau de mer : La stratégie qui va sauver le Maroc de la soif

 

Plus d’un an après son lancement en mars 2022, le marché de la future station de dessalement d’eau de mer du Grand Casablanca a été attribué au consortium formé par le géant espagnol Acciona et deux filiales du groupe Akwa, Afriquia Gaz et Green of Africa. D’ici 2030, le Maroc compte atteindre une vingtaine de stations, pour une capacité globale de 1,3 milliard mètres cubes d’eau traitée par an.

C’est le plus gros marché attribué au Maroc dans le domaine du dessalement de l’eau de mer. Montant de l’investissement: 8 milliards de dirhams (MMDH). Cette importante somme sera déboursée par l’État pour construire et réaliser la future méga- station de dessalement d’eau de mer du Grand Casablanca. Attribué au consortium international mené par la multinationale espagnole Acciona et soutenu par deux filiales du groupe Akwa, en l’occurrence Afriquia Gaz et Green of Africa, le marché a été signé, vendredi 17 novembre 2023, plus d’un an après le lancement de l’appel d’offres initial, en mars 2022.

Géant international
Plusieurs autres consortiums internationaux avaient également participé à l’appel d’offres. Mais sans succès. Il s’agit notamment du consortium formé par la société Nareva, filiale de la holding royale, Al-Mada; le groupe français Suez; la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraites (CIMR); et le groupe japonais Itochu. Quant au second consortium, il comptait la Société générale des travaux du Maroc (SGTM), le Japonais Mitsui et la société israélienne IDE Technologies. L’adjudicataire du marché, à savoir Acciona, a réussi à s’imposer non seulement pour son offre considérée comme la moins-disante par rapport aux autres soumissionnaires, mais aussi pour son expérience, longue et riche, dans le domaine du traitement de l’eau. Groupe mondial présent dans plus de 40 pays, Acciona se démarque comme un géant international dans le secteur des énergies renouvelables, avec un chiffre d’affaires considérable de plus de 11.000 milliards d’euros réalisé en 2022. Il est présent aux quatre coins du globe: en Amérique, en Europe, en Afrique, en Australie et en Asie.

548.000 mètres cubes par jour
Sur le continent africain, il opère dans plusieurs pays, notamment en Algérie, en Égypte, en Afrique du Sud, au Kenya et au Gabon. Mais aussi au Maroc. Son activité couvre l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis la conception et la construction jusqu’à l’exploitation et la maintenance. En remportant la réalisation de la méga- station de dessalement d’eau de mer du Grand Casablanca, la firme espagnole renforce ainsi sa présence dans le Royaume. Le projet est considéré comme le plus important dans ce domaine pour le pays. La station se dotera d’une capacité de 548.000 mètres cubes par jour, qui va évoluer pour atteindre 822.000 mètres cubes par jour, cinq ans maximum après sa mise en service, prévue fin 2027. Elle va permettre d’assurer l’alimentation en eau potable de la métropole économique et l’irrigation de plus de 5.000 hectares de terres agricoles dans la région.

Confrontée à un stress hydrique sévère, au même titre que les autres régions du Maroc, Casablanca vit une situation difficile qui a poussé les autorités locales à imposer plusieurs règles de restriction dans la consommation de l’eau, notamment l’interdiction d’arroser les espaces verts, ou encore la réduction du débit d’eau pour les ménages pendant une tranche horaire dans la nuit. “Le dessalement de l’eau de mer est venu comme une alternative et une solution dans la lutte contre les effets de la sécheresse”, explique Hamou Bensaadout, directeur général de l’hydraulique au sein du ministère de l’Équipement et de l’Eau.

S’exprimant lors d’un panel tenu dans le cadre des travaux du Forum international MEDays, qui s’est déroulé du 15 au 18 novembre dans la ville de Tanger, sous le thème: «Investir dans l’eau : Façonner la sécurité et la souveraineté de l’eau», M. Bensaadout avait souligné que la politique marocaine des barrages avait permis de traverser les périodes de sécheresse les plus aigu?es. Mais, pour lui, la technique de dessalement de l’eau de mer et l’interconnexion de bassins constituaient des “enjeux futurs”, à même de mobiliser des ressources importantes en eau, y compris celles dédiées à l’irrigation.

Outre la station du Grand Casablanca, le Maroc compte actuellement 11 stations de dessalement de l’eau de mer qui sont en service, pour une capacité globale de 300 millions de mètres cubes d’eau traitée par an. On retrouve notamment la station de dessalement d’Agadir, opérationnelle depuis janvier 2022. La ville de Laâyoune dispose également de sa propre station, qui subit actuellement des travaux d’extension pour couvrir les besoins de l’ensemble des habitants de la ville ainsi que ceux des régions environnantes. Pour la ville de Dakhla, sa station sera achevée en 2025 et permettra de traiter environ 100.000 m3 d’eau par jour.

Le groupe OCP s’occupera de la réalisation de deux importantes stations, l’une dans la ville de Safi et l’autre dans le port de Jorf Lasfar, qui vont couvrir les besoins en eau potable des habitants de Safi et de la ville d’El Jadida. Au total, selon une sortie du ministre de l’Équipement, Nizar Baraka, devant le parlement, le Maroc comptera au moins une vingtaine de stations d’ici à 2030, pour une capacité globale de 1,3 milliard de mètres cubes d’eau traitée par an. 53% de cette eau sera consacrée à la consommation potable, 23% à l’irrigation et 24% au secteur industriel. Il faut dire que le Maroc est très bien avancé dans ce domaine par rapport aux autres pays de la région. Avec un budget global de 2,3 milliards de dollars alloués à ce chantier, le Maroc devance largement l’Algérie avec ses 210 millions de dollars et la Tunisie (950 millions de dollars).

Source: Maroc Hebdo