Certaines algues marines répandent une substance qui contribue à refroidir le climat

Des scientifiques viennent de découvrir que les pélagophycées, des algues microscopiques, émettent du dimethylsulfoniopropionate (DMSP). Or, ce composé se transforme en un gaz dont l’oxydation contribue à refroidir le climat en participant à la formation des nuages.

Autant le dire tout de suite : cette découverte ne nous dispense pas de changer nos modes de vie pour consommer moins de ressources naturelles et de combustibles fossiles. En revanche, elle implique que la situation pourrait être encore plus dramatique, si les océans n’abritaient pas des organismes dotés d’étonnants « superpouvoirs »… dont on commence à peine à percevoir l’étendue.

D’après des chercheurs de l’université d’East Anglia (Angleterre) et de l’université de l’océan en Chine, les pélagophycées, des algues microscopiques formant de vastes efflorescences, constituent des sources importantes de dimethylsulfoniopropionate ou DMSP (Nature Microbiology, 11 juin 2024).

 

L’odeur de la brise marine

 

Ce composé aux vertus nutritives et protectrices se transforme en partie en gaz, le sulfure de diméthyle (DMS). Responsable de l’odeur de la brise marine, mais aussi impliqué dans les comportements alimentaires et de prédation, le DMS s’oxyde ensuite dans l’atmosphère, où il participe à la naissance des nuages. Lesquels réfléchissent le rayonnement solaire et contribuent ainsi à refroidir le climat.

« Les pélagophycées sont parmi les algues les plus abondantes sur Terre, mais elles n’étaient pas connues jusqu’à présent comme d’importants producteurs de DMSP », note le Pr Jonathan Todd, de la School of Biological Sciences de l’UEA, co-auteur principal de l’étude (communiqué).

« Cette découverte est passionnante car le DMSP est un composé antistress abondant, une source de nourriture pour d’autres micro-organismes, et une source majeure de gaz refroidissant le climat. »

L’équipe de recherche s’en est aperçue en découvrant d’abord de nouvelles enzymes impliquées dans la synthèse de DMSP, puis en détectant ces importants catalyseurs de réactions chimiques au sein des microalgues. D’autres organismes marins, tels que les cyanobactéries – des bactéries réalisant la photosynthèse – en sont également pourvus, bien que la famille d’enzymes soit distincte.

 

Impact sur le climat

 

« Comprendre le rôle des pélagophycées dans la production de DMSP signifie que nous devons repenser la quantité de ce composé qui est produite et son impact sur notre climat », conclut Jinyan Wang, première auteure de l’article scientifique (communiqué).

À l’heure actuelle, on estime que plusieurs pétagrammes – milliers de milliards de kilogrammes – de DMSP sont produits chaque année au niveau des eaux de surface de la Terre. Et « potentiellement beaucoup plus » dans les milieux marins dits « aphotiques » (sans lumière), les sédiments et les zones côtières.

Les chercheurs prévoient désormais d’approfondir l’étude des pélagophycées dans leur environnement naturel, mais également de se pencher sur d’autres organismes marins susceptibles eux aussi de produire des composés influençant notre climat.

Source: GEO