Reportage dans les Îles Kuriat, ce paradis tunisien des espèces protégées et des tortues de mer
20 juillet 2020
20 juillet 2020
L’archipel des Kuriat est l’une des quatre aires maritimes protégées que compte la Tunisie, avec celles de l’archipel de La Galite, de Kneiss, et de Zembra et Zembretta. Située au large des côtes de la ville de Monastir, elle est constituée de deux îles : la grande et la petite Kuriat.
La grande île, longue de 3,5 kilomètres et large de deux kilomètres, s’étend sur 270 hectares.Elle sert aujourd’hui de base militaire et est donc interdite au public. On y aperçoit un phare et les ruines d’un port punique. À son extrémité, on peut voir un bateau de marchandises échoué.
Séparée par deux kilomètres, la petite Kuriat couvre environ 70 hectares. Contrairement à la grande, celle-ci fait l’objet d’activités touristiques. En effet, il est possible de visiter l’île grâce aux opérateurs touristiques présents sur l’île. Ils proposent l’aller et le retour à bord d’un navire, un déjeuner et des installations pour pouvoir profiter d’une mer cristalline. Mais, l’activité touristique reste très réglementée. Les touristes devront en effet, quitter l’île à partir de 15 heures car le reste de la journée, la petite Kuriat devient le paradis d’animaux en voie de disparition.
Les îles de Kuriat jouent un rôle important dans le développement de la biodiversité. Elles constituent en effet une escale migratoire pour de nombreux oiseaux comme le goéland railleur, classé comme espèce vulnérable ou encore la sterne naine. Mais ce qui fait la renommée de l’archipel ce sont les tortues couannes.
« Les îles Kuriat constituent l’un des principaux sites de nidification des tortues couannes en méditerranée », nous explique Sahbi Dorai, chercheur en biologie marine et éco-garde. Afin de préserver cette espèce en voie de disparition, depuis 2017, l’association Notre Grand Bleu œuvre de mai à octobre, nuit et jour sur l’île. Grace à des bénévoles passionnés et militant pour la protection de l’environnement, le processus de nidification des tortues couannes fait l’objet d’une surveillance scientifique pointue. Chaque nuit, ils se relayent sur les plages, dans l’obscurité la plus totale, dans l’espoir de rencontrer une tortue venue pondre ses œufs. « Nous ratissons l’île toute la nuit et quand nous trouvons une tortue, nous la laissons pondre tranquillement, puis nous effectuons un prélèvement ADN et nous la marquons d’une bague d’identification afin d’analyser son parcours migratoire », indique Sahbi Dorai.
Mais la tortue couanne est victime depuis plusieurs années d’une pêche illégale. Elle est convoitée pour sa carapace, son huile et sa chair. Manel Ben Ismail est la directrice de l’association Notre Grand Bleu. Elle souligne l’importance de la sensibilisation auprès de la population. « Nous avons crée une cabane qui accueille les visiteurs afin de faire de la sensibilisation pour la protection de l’environnement. Nous insistons auprès des pleus jeunes ».
D’un autre côté, les autorités locales ont également pris des mesures afin de lutter contre la pêche illégale de tortues marine. « La mairie de Monastir a pris une décision municipale ces dernières semaines concernant les pêcheurs de tortues. Ainsi, chaque personne qui sera pris en train de pêcher cette espèce, écopera d’une amende de 1000 dinars », nous explique Ahmed Ghedira, membre du conseil municipal de Monastir.
Par ailleurs, depuis quelques jours, les côtes tunisiennes sont frappées par un phénomène inquiétant. En effet, des milliers de méduses on fait surface causant de nombreux cas de brûlures chez les nageurs. Si ce problème est en partie dû au réchauffement climatique, il est également dû à la pêche illégale des tortues marines, dont les méduses constituent la principale source de nourriture.
Ghedira est également membre du Conseil national des Aires Marines et Côtières Protégées. Il souligne que l’archipel des Kuriat est en cours de devenir une aire marine protégée. Trois autres archipels sont également en cours de labellisation: Jalta (Bizerte), Zembra&Zembretta (Cap Bon) et Kneiess (Sfax).
Dans la partie nord et rocheuse des deux îles, et à des profondeurs très faibles, il existe des formations de fonds de posidonie considérées comme très rares et très vulnérables à l’échelle méditerranéenne. Véritable « poumon de la mer », cette plante marine forme un récif qui protège les côtes de l’érosion. L’association, Notre Grand Bleu propose également des activités de plongée en masque et tuba afin d’admirer cette plante qui forme comme une ceinture autour de l’île et qui la protège. Les eaux turquoises et cristallines permettent également de faire connaissance avec les nombreuses espèces de poissons qui trouvent refuge dans les sentiers rocheux qui se trouvent à seulement quelques centimètres de la surface.
Retrouvez dans la vidéo ci-dessus notre reportage consacré aux Iles Kuriat.
Paru dans Gnet News