POURQUOI LES PONTES DE TORTUES MARINES SEMBLENT SE MULTIPLIER SUR LE LITTORAL MÉDITERRANÉEN?

 
 
Les acteurs de la conservation des tortues marines émettent plusieurs hypothèses sur la recrudescence des pontes des tortues marines sur le pourtour méditerranéen français. Quatre ont déjà été enregistrées cette année contre seulement une en 2022.
 

Un phénomène qualifié d’exceptionnel. Une ponte de tortue marine Caouanne, espèce protégée, a été observée dans la nuit de dimanche à lundi sur la plage des Lecques à Saint-Cyr-sur-Mer (Var). Cet évènement dit rarissime semble pourtant se multiplier sur le littoral méditerranéen français.

 

Une activité plus intense depuis quelques années

 

Quatre pontes ont déjà été observées depuis le début du mois de juillet à Marseillan, Villeneuve-Loubet, sur l’île de Porquerolles et désormais à Saint-Cyr-sur-Mer. Cette hausse de nidification en France est recensée depuis une dizaine d’années avec notamment une activité de ponte en 2022 à Valras (Hérault) et deux autres en 2020.

 
« On enregistre une activité plus intense sur l’ensemble du pourtour méditerranéen français. Jusqu’à maintenant, les côtes françaises n’étaient pas recensées comme un site officiel de pontes », confirme Sidonie Catteau, cheffe de projet Tortue Marine de l’Association Marineland et responsable pour les Alpes-Maritimes et le Var du Réseau Tortue Marine de Méditerranée Française (RTMMF), à BFMTV.com.

L’Italie et l’Espagne sont aussi concernées par cet accroissement alors que la tortue Caouanne se rend habituellement en Méditerranée orientale pour pondre. La Grèce, la Chypre ou encore la Turquie sont notamment des territoires privilégiés par l’espèce.

 

Le réchauffement de la Méditerrannée en cause?

 

Les chercheurs s’attellent désormais à comprendre cette montée des tortues marines sur le littoral azuréen et si ces changements de nidification vont rester pérennes. Si aucune réponse claire n’est encore définie, deux hypothèses sont émises par Sidonie Catteau.

En premier lieu, une conséquence du réchauffement climatique qui « augmente les températures de surface » des étendues d’eau, ce qui modifie ainsi les courants marins. La Méditerranée a notamment atteint 28°C mi-juillet, soit 3°C au-dessus des normales.

« Les tortues se déplacent avec les courants et vont se retrouver au large de nos côtes. Les femelles sont ainsi venir pondre leurs œufs sur nos plages », avance Sidonie Catteau.

Une éventuelle évolution naturelle de l’espèce

 

Une deuxième hypothèse est avancée par Sidonie Catteau, celle d’une « évolution naturelle des espèces ». « Il peut y avoir des sites de ponte qui disparaissent et d’autres qui apparaissent. Cela peut être aussi un combiné du réchauffement climatique et de l’évolution naturelle », indique Sidonie Catteau.

« C’est exceptionnel et incroyable car on parle de changement dans la structure de la population. On avait identifié des tortues juvéniles et maintenant, on commence à observer plus d’adultes au large de nos côtes », renchérit l’experte.

Des données environnementales sont actuellement collectées sur les différents terrains identifiés afin de mieux « les comprendre et appréhender » à l’avenir.

 

Des pontes encore possibles en juillet

 

Sidonie Catteau n’exclut pas de nouvelles pontes sur les plages françaises d’ici la fin du mois de juillet -période de reproduction pour la femelle qui peut sortir de l’eau entre une et six fois par saison.

Un guide avec une procédure à appliquer a par ailleurs été rédigé par tous les acteurs de la conservation des tortues marines en France afin de préserver au maximum les lieux de ponte et leur réussite dans le temps. Le site doit être notamment protégé avec une mise en application des réglementations.

En cas de découverte d’un nid de tortues -souvent la nuit-, il est recommandé de contacter les pompiers et la gendarmerie. Ces derniers se chargeront de contacter le Réseau Tortue Marine de Méditerranée Française.

Par ailleurs, afin de ne pas perturber le reptile, qui peut peser entre 70 et 100kgs, l’association Marineland préconise de rester silencieux, de garder ses distances et de ne pas éclairer l’animal afin qu’il puisse accomplir l’ensemble de son processus de ponte.

Source: BFM