Nostalgies : Qui se souvient de Madagascar, le quartier marin de Tunis ?
5 juillet 2023
5 juillet 2023
Plus loin que la gare du TGM, en allant vers le port de Tunis, le quartier de Madagascar a fait rêver des générations de baigneurs et de pêcheurs.
Qui se souvient encore de Madagascar ? Dans le temps, il fallait dépasser l’ancienne gare du TGM, laisser le garage Ford, le restaurant l’Étable et le bar du Tourisme puis continuer tout droit.
Un lieu très prisé du public, se trouvait ici : le fameux café des Chaises longues, aujourd’hui disparu. On s’y asseyait sur des transats en regardant le manège auquel se livraient les marchands de « trémoline » et leurs clients, toujours pressés et munis d’une canne à pêche et d’un couffin. C’est d’ailleurs ici qu’on continue à vendre les appâts pour les pêcheurs qui aiment s’installer le long des canaux et du chenal.
Madagascar commençait lorsque l’avenue rétrécissait, au niveau de la gare actuelle. C’est là que mon père m’emmenait regarder les barques, manger du pain tabouna aux olives tout en admirant pêcheurs, nageurs et vadrouilleurs.
Le Tout-Tunis populaire se retrouvait ici. On dit que le quartier tient son nom d’un kiosque tenue par une veuve de guerre qui y vendait des casse-croûtes et autres collations. Comme on l’appelait madame Gaspard, par déformations successives, on a fini par prononcer Madagascar. Comme quoi chaque étymologie garde sa part de mystère.
On venait à l’époque où le port se trouvait ici, pour regarder passer les paquebots qui, raconte-t-on, provoquaient parfois des « inondations » sur les docks et même jusqu’au quartier voisin de la Petite Sicile.
Que reste-t-il aujourd’hui de la magie de ce rivage impromptu ? Après avoir dépassé l’entreprise de commercialisation de la cellulose et le Yacht Club, je me suis vite rendu compte que les pêcheurs étaient toujours là, même en plein soleil. Les barques qui offraient une balade en mer – en fait, une minuscule traversée du chenal – ont quant à elles disparu. Comme les jeunes gars qui plongeaient dans les eaux profondes.
J’observe intensément les lieux, revois la foule bigarrée, mesure la joie d’antan puis finis par repartir. Sur mon chemin, comme pour boucler l’itinéraire, je retrouve au fond d’une impasse, le terrain d’entraînement du Club Africain où j’ai joué quelques matches homériques. Aujourd’hui, ce stade est en possession de l’Association sportive féminine. Quelques pas encore, au-delà des stands des fleuristes et à l’ombre des ficus, la médina me tend de nouveau les bras.