Dans le cadre du Programme de Services de Conseil et d’Analyse (P-ASA) Economie Bleue et Gestion Côtière en Afrique du Nord (P170596) et de sa Phase II (P180756), la Banque mondiale (BM) a fourni une assistance technique au gouvernement tunisien et préparé un rapport intitulé « L’économie bleue en Tunisie » (*), mettant en évidence les opportunités de développement durable des zones côtières et marines, impliquant toutes les parties prenantes concernées. Le rapport a examiné les activités existantes et émergentes des secteurs « bleus », évalué le potentiel de développement de l’économie bleue et formulé des recommandations, identifiant les actions prioritaires. Les principaux secteurs bleus existants en Tunisie sont le tourisme côtier, la pêche et le transport maritime.
Cependant, la croissance de ces secteurs bleus est confrontée à des défis multiformes en raison du changement
climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution. Les analyses précédentes menées dans le cadre du PASA ont identifié les deux principales menaces pour l’économie bleue en Tunisie à savoir l’érosion côtière et la pollution plastique.

Sur la base du diagnostic et du cadrage stratégique, une feuille de route pour le développement de l’économie bleue a été préparée dans le cadre du rapport technique « Au-delà du littoral – Vers un avenir bleu et résilient pour la Tunisie ». La feuille de route s’articule autour de trois piliers : Pilier 1 : Données, analyse et dissémination ; Pilier 2 : Réformes stratégiques, institutionnelles et budgétaires ; et Pilier 3 : Promotion des investissements. La feuille de route comprend des actions prioritaires pour développer les secteurs bleus tout en assurant la protection des écosystèmes marins et côtiers.

En parallèle, la Banque mondiale a également soutenu le gouvernement tunisien à évaluer l’état de la pollution plastique marine qui est une menace majeure pour l’économie bleue, coûtant cher à l’économie tunisienne, en particulier au tourisme côtier, qui est un moteur essentiel de l’économie nationale globale. L’étude a en outre identifié les points chauds de pollution plastique, notamment Sfax, Monastir, Madhia et Médenine. Les études de diagnostic ont également montré les défis et les opportunités pour la Tunisie de lutter contre la pollution plastique. L’un des principaux défis est le financement fragmenté actuel de la gestion des déchets plastiques, y compris pour le recyclage.

Sur la base des diagnostics ainsi que des travaux d’analyse supplémentaires, l’équipe de la Banque mondiale a soutenu le gouvernement tunisien à préparer la stratégie Littoral Sans Plastique (LISP) et son plan d’action pour prévenir et réduire la pollution plastique. La stratégie LISP a été élaborée selon une approche participative et une série d’ateliers ont été organisés pour coconstruire avec toutes les parties prenantes de la chaîne de valeurs du plastique, y compris les acteurs intersectoriels et les différents groupes de parties prenantes. Cette stratégie définit la vision d’une évolution vers une économie circulaire du plastique et fixe cinq objectifs stratégiques : 1) Assurer une bonne gouvernance pour prévenir et réduire la pollution marine par les déchets plastiques ; 2) Développer un modèle financier efficace pour prévenir et réduire la pollution côtière par les déchets plastiques ; 3) Renforcer la gestion intégrée des déchets plastiques d’origine terrestre, côtière et marine, en tenant compte du principe de l’économie circulaire ; 4) Développer la recherche et l’innovation pour un littoral sans plastique ; et 5) Renforcer les initiatives d’éducation, de sensibilisation et de communication pour lutter contre la pollution plastique côtière. Son plan d’action présente des mesures et des projets concrets pour opérationnaliser la stratégie. La mise en œuvre de la stratégie LISP constitue un élément d’action clé du pilier 3 de la feuille de route de l’économie bleue.

La feuille de route de l’économie bleue, ainsi que la stratégie LISP, ont été lancées le 27 mai 2024 lors d’un atelier
des parties prenantes. La mise en œuvre de la feuille de route contribuera à la mise en œuvre de la Stratégie
nationale de transition écologique (SNTE) et soutiendra à terme la mise en œuvre du plan de développement de
la Tunisie 2023-2025 et du prochain Plan de développement 2026-2030, en cours d’élaboration.
Afin de poursuivre le soutien auprès du gouvernement tunisien dans la mise en œuvre de la feuille de route de
l’économie bleue ainsi que la stratégie LISP, la Banque mondiale renouvelle son assistance technique au gouvernement tunisien. Dans le cadre de cette assistance technique renouvelée, un travail d’analyse sera mené, axé sur la mise en œuvre de la feuille de route dans les îles Kerkennah en tant que région modèle. Les îles Kerkennah ont été sélectionnées sur la base de la Stratégie nationale de transition écologique qui définit la vision de faire de Kerkennah un système insulaire modèle pour l’adaptation au changement climatique et la transition écologique.

Les îles Kerkennah sont situées au large de la côte est de la Tunisie, dans la mer Méditerranée. Elles se composent
de plusieurs petites îles, les principales étant Chergui et Gharbi. Les îles comptent 16 439 habitants en 2023 (estimation de l’INS) et sont caractérisées par un indice de développement régional (IDR) de 0,6 (au milieu du classement national). Environ 43 % de sa population est engagée dans la pêche (près de 30 %) et l’agriculture. Les pêcheurs des îles Kerkennah pratiquent une technique de pêche unique « la charfia », inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO. L’écotourisme / tourisme de nature, ainsi que le tourisme culturel, pourraient constituer une source de revenus alternative durable pour la population. Les îles Kerkennah ont le potentiel de développer davantage l’économie bleue. Cependant, son développement est menacé par l’érosion côtière et la pollution plastique.

Dans ce contexte, l’objectif de cette nouvelle phase de l’assistance technique de la Banque mondiale est de réaliser une analyse économique et financière pour le développement de l’économie bleue dans les îles Kerkennah. L’analyse économique et financière sera composée de deux volets : (a) le développement des secteurs bleus clés (pêche durable et écologique et écotourisme côtier / tourisme de nature) et (b) la lutte contre les principales menaces pesant sur l’économie bleue (érosion côtière / submersion marine et pollution plastique).

Dans le cadre de la lutte contre la pollution plastique, une analyse sera menée pour concevoir et évaluer la faisabilité d’un mécanisme de financement durable et dédié pour soutenir et mettre en œuvre des mesures visant 2 à prévenir la pollution plastique et à développer une économie circulaire du plastique et des déchets dans les îles Kerkennah.

Les meilleures connaissances et expériences disponibles, y compris issues des différentes phases de l’assistance technique fournies par la Banque mondiale, en matière d’économie bleue, d’économie circulaire du plastique et d’analyse économique et financière aux niveaux international et national seront valorisées. 

Objectifs de l’atelier :
Les principaux objectifs de cet évènement de lancement sont de : – – Annoncer aux parties prenantes le démarrage de l’activité d’assistance technique relative à l’analyse économique et financière pour le développement de l’économie bleue dans les îles de Kerkennah ; activité financée par le fonds fiduciaire PROBLUE administré par la Banque Mondiale.
Impliquer les parties prenantes au processus d’analyse intersectoriel et multidisciplinaire pour ladite analyse et initier avec elles le processus de collecte des données et des informations.

Résultats attendus : – –
Les objectifs escomptés et résultats attendus de l’assistance technique sont présentés et expliqués ; L’approche générale, la méthodologique et le plan de travail de l’assistance technique sont partagés et compris.