COP16 biodiversité à Rome: les pays africains demandent un nouveau fonds dédié à la biodiversité

La COP16 sur la biodiversité a repris ce 25 février, à Rome, dans le but de dénouer les blocages sur les financements afin de préserver de la faune et de la flore. Cette session de rattrapage fait suite à la réunion d’octobre dernier, où les différends entre les pays du Nord et ceux du Sud n’avaient pas été résolus. Il avait alors été décidé de suspendre les débats et d’organiser une nouvelle réunion. Ce matin, la COP16 s’est donc rouverte en présence des délégués de 154 des 196 signataires de la Convention sur la Diversité Biologique.

Le ton pour cette journée de reprise des négociations à Rome a semblé plus constructif qu’à Cali. Mais les positions ne bougent pas fondamentalement.

Les pays avec une riche biodiversité, les Brics et le groupe Afrique réclament un nouveau fonds, plus accessible et sous l’autorité de la COP. Ce fonds, financé par les pays développés, viserait à soutenir des projets dans les pays moins riches. Cette proposition avait été abordée lors de la dernière réunion à Cali et ces pays sont apparus unis et efficaces pour plaider une nouvelle fois pour la création de ce fonds : « Ils appuient leurs demandes sur le texte de la Convention pour la Diversité Biologique, puisque depuis 1992, l’on doit créer un instrument dédié à cette Convention et à la biodiversité et l’on procrastine », pointe Aleksandar Rankovic, directeur du think tank The Common Initiative au micro de notre envoyée spéciale à Rome, Lucile Gimberg.

Mais ce groupe des pays africains et des Brics se heurte à l’opposition des pays du Nord comme le Canada et l’Union européenne, qui, confrontée à des problèmes budgétaires, craint une fragmentation de l’aide au développement.

Proposition de compromis de la présidente de la COP

Pour tenter de dépasser cette impasse, la présidente de la COP et ministre colombienne de l’Environnement, Susana Muhamad, a suggéré la semaine dernière une solution de compromis. Elle a proposé de lancer un processus de travail visant à créer ou adapter un fonds spécifiquement dédié à la biodiversité. Ce fonds serait placé sous l’égide de la COP d’ici à 2030, dans un souci de transparence.

Lors de cette première journée de COP16, la ministre colombienne de l’Environnement a appelé les pays du monde à démontrer que le multilatéralisme environnemental peut encore être efficace face à un enjeu qui n’est autre, selon elle, que de pouvoir « maintenir la vie sur la planète » :

« C’est l’une des politiques qui a le pouvoir d’unir le monde. Et ce n’est pas rien dans le paysage géopolitique actuel qui est très polarisé, fragmenté et suscite la discorde. Nous avons une importante responsabilité ici à Rome. En cette année 2025, nous pouvons envoyer une lueur d’espoir et dire que, malgré nos différences, malgré les tensions, malgré les marges budgétaires limitées dans les pays du Nord comme ceux du Sud et malgré les conflits armés, nous pouvons dire que nous sommes encore capables de travailler ensemble pour quelque chose qui transcende nos intérêts propres et nous connecte tous : c’est la vie elle-même. »

Autre sujet de cette première journée de négociations : les pays négocient les modalités selon lesquelles leurs politiques nationales pour freiner la disparition du vivant seront évaluées lors du grand bilan mondial de 2026. Et d’après Juliette Landry, chercheuse à l’Iddri, les choses vont dans le bon sens : « Qu’on intègre aussi les sources des acteurs qui ne sont pas des États, les ONG, les acteurs du terrain, les scientifiques surtout. Ça, c’est vraiment important et c’est dans le texte. Il s’agira surtout de sécuriser que ça y reste. » Des avancées que les pays du Sud mettront très probablement dans la balance pour tenter d’obtenir des concessions des pays du Nord sur la question des financements.

L’accord de Kunming-Montréal, adopté à la COP15 biodiversité en décembre 2022, qui vise à stopper la destruction de la nature, prévoit que 200 milliards de dollars par an soient mobilisés d’ici à 2030, dont 30 milliards sous forme de transferts des pays développés vers les pays en développement. Lors de la plénière d’ouverture ce matin, le délégué zimbabwéen a exprimé sa confiance, bien que l’objectif soit encore loin d’être atteint.

« Cet objectif peut encore être atteint en fonction de ce que nous décidons, ici, à Rome. L’Afrique apprécie le projet de rapport sur le paysage financier. »

COP16 biodiversité à Rome: les pays africains demandent un nouveau fonds  dédié à la biodiversité

Source: RFI