VIDÉO – Montée des eaux : regardez, en animation 3D, comment notre littoral pourrait être submergé en 2050
1 décembre 2023
1 décembre 2023
Nos rivages changent de visage. La mer sculpte, avance et monte, inexorablement, façonnant les paysages de nos littoraux. Un phénomène intemporel qui s’accélère avec le dérèglement climatique : selon l’Institut national de l’information géographique et forestière, les plages françaises ont perdu 30 km carrés de surface, l’équivalent de 24.000 piscines olympiques, sous l’effet de l’érosion ces cinquante dernières années. Les tempêtes et la montée des eaux grignotent toujours plus nos côtes, au point que le niveau de la mer devrait, selon le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), s’élever de 30 cm d’ici à 2050. De quoi complètement les transformer.
À titre d’exemple, sur la côte Ouest, une ville comme Rochefort, située à une dizaine de km du front de mer, pourrait devenir une île et l’île d’Oléron, une archipel, dans moins de 30 ans. Alors que dans le Nord, c’est l’intégralité des Flandres, incluant des villes comme Calais et Dunkerque, qui se retrouveraient submergées. Face à ce risque, l’État a déjà officiellement listé 136 communes prioritaires sur l’ensemble du territoire, un récent rapport de l’Assemblée nationale estimant, en outre, à 16.500 le nombre de constructions directement menacées. Soit 10 % des propriétés côtières du pays.
À Mers-les-Bains, dans les Hauts-de-France, l’une des villes les plus exposées, la Manche avance de 30 cm chaque année. À ce rythme, d’ici à 2.100, elle devrait recouvrir une grande partie des habitations à marée haute, comme le montre notre vidéo en réalité augmentée à regarder en tête de cet article. « Le risque est réel, nous assure Bart Bollengier, chargé de mission biodiversité au CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) Flandre Maritime. On est obligés de construire des digues de protection en béton parce qu’on a beaucoup d’urbanisation et une grande zone industrielle juste derrière l’entrée du port, qu’on ne pourra pas déplacer. »
Coût de la rénovation de la digue qui protège actuellement la commune et son port : 10 millions d’euros. Coût de la construction d’un mur autour de la centrale nucléaire de Gravelines à proximité : 35 millions d’euros. De quoi mesurer ce que coûterait, en milliards d’euros, une éventuelle bétonisation de l’ensemble des côtes françaises… Heureusement, une autre solution existe.
« La forteresse idéale, c’est le sable », éclaire encore Bart Bollengier, en évoquant son grand projet des années à venir, la création d’une nouvelle dune, résistante à la montée des eaux, en utilisant… des algues. « L’idée, c’est de prendre ces algues et de les déposer dans des casiers en bois sur les plages », poursuit-il. Ce qui entraînerait naturellement, en même temps que les algues se décomposent, une montée des sables, et donc l’apparition d’une nouvelle dune, en seulement quelques semaines. Un barrage à la mer particulièrement efficace, que le vent renforcerait en cas de tempête, en déplaçant le sable qui s’agglutinerait alors sur la dune en question et la rendrait toujours plus vaste.
Problème : nos côtes ne sont pas toutes bordées de dunes. Autre cas d’école dans la Somme, où le rivage prend la forme d’une baie. « La solution ici, c’est d’accepter que l’eau revienne sur ces zones. Ça ne veut pas dire qu’on ne fera rien, parce qu’en fait on va accompagner cette évolution », nous indique Tony Durozier, chargé de mission pour le secteur Manche du Conservatoire du littoral. Concrètement, il s’agira de reculer les digues en terre déjà existantes pour étaler l’eau qui s’y sera déversée, et ainsi faire baisser son niveau, tout en déplaçant les élevages d’animaux trop lourds pour une terre devenue marécageuse.
Enfin, il faudra repenser les habitations dites « les pieds dans l’eau », pour que l’expression ne soit pas à prendre au sens littéral. Sur le long terme, ce sont quelque 50.000 logements qui pourraient être rattrapés par l’océan, et 1,5 million de Français concernés par de futures inondations. Ce qui rend nécessaire une adaptation des constructions en bord de mer, en les surélevant au moyen de pilotis. Il en va de la survie de nombreuses activités économiques, et de biens immobiliers dont la valeur cumulée est estimée entre 10 et 50 milliards d’euros.