Vers « une migration catastrophique »: le cri d’alarme de scientifique sur la montée du niveau de la mer
23 mai 2025
23 mai 2025
Nos villes bientôt noyées sous l’eau et en pagaille? C’est l’étude inquiétante dressée par plusieurs chercheurs scientifiques britanniques, qui affirment que l’élévation du niveau des mers pourrait devenir ingérable, entraînant des « migrations catastrophiques vers l’intérieur des terres », rapporte The Guardian.
Cette étude a été publiée dans la revue « Communications Earth and Environment » ce mardi 20 mai, et a combiné des données provenant sur des périodes remontant jusqu’à trois millions d’années.
Les premières conclusions de cette étude ne sont pas réjouissantes. « La perte continue de masse des nappes glaciaires constitue une menace existentielle pour les populations côtières du monde entier », indique le rapport.
En effet, la perte de glace des inlandsis (glaciers dont la taille équivaut à la taille d’un continent) du Groenland et de l’Antarctique a quadruplé depuis les années 1990, en raison de la crise climatique. Sa fonte pourrait élever le niveau de la mer et plonger plusieurs régions du globe sous l’eau, provoquant des migrations massives à l’intérieur des pays.
Si cette perte de glace est en constante croissance, c’est notamment parce que l’objectif de maintenir l’augmentation de la température mondiale en deçà de 1,5 °C est presque inatteignable.
Et même si les émissions de combustibles fossiles étaient rapidement réduites pour atteindre cet objectif, le niveau des mers augmenterait d’un centimètre par an d’ici la fin du siècle, soit à une vitesse bien supérieure à celle à laquelle les pays pourraient construire leurs défenses côtières.
Les auteurs de l’étude affirment que le monde se dirige donc à grand pas vers un réchauffement planétaire de 2,5 à 2,9 °C, et provoquerait inévitablement la fonte des calottes glaciaires, élevant ainsi la mer à 12 mètres d’ici quelques années.
Toujours selon cette étude, environ 230 millions de personnes vivraient aujourd’hui à moins d’un mètre au-dessus du niveau actuel de la mer. D’ici 2050, la montée des mers et océans pourrait entraîner plusieurs dégâts d’inondations d’une valeur d’au moins un milliard de dollars par an, et ce, pour les 136 plus grandes villes côtières du monde.
Toutefois, les scientifiques ont souligné qu’il est encore possible de ralentir l’élévation du niveau de la mer grâce aux actions climatiques des pays. Le ralentissement de la montée des eaux pourrait donner plus de temps pour se préparer, ce qui réduirait ainsi les souffrances humaines selon les scientifiques.
Pour autant, une élévation du niveau de la mer d’au moins un à deux mètres est désormais inévitable.
Au Royaume-Uni par exemple, la montée de la mer d’un mètre seulement aurait pour effet de placer plusieurs régions du nord e de l’est sous le niveau de la mer.
Pour Jonathan Bamber, professeur à l’université de Bristol au Royaume-Uni, si le niveau de la mer dépasse les hauteurs des villes, « il devient extrêmement difficile de s’adapter ».
« On assistera à des migrations terrestres massives à des échelles que nous n’avons jamais connues dans la civilisation moderne, a-t-il affirmé auprès du quotidien.
Selon lui, les pays en développement comme le Bangladesh s’en sortiraient beaucoup moins bien que les pays riches qui ont l’habitude de retenir les vagues, comme les Pays-Bas.
Avec un réchauffement actuel de 1,2°C, l’élévation du niveau de la mer s’accélère à des rythmes qui deviendront pratiquement ingérables avant la fin de ce siècle. « Nous commençons à voir les pires scénarios se réaliser presque sous nos yeux », a conclu, Chris Stokes, professeur à l’université de Durham et auteur principal de l’étude.
Selon les chercheurs, même si l’humanité parvient à ramener la planète à sa température préindustrielle en éliminant le CO2 de l’atmosphère, il faudra encore des centaines, voire des milliers d’années pour que les calottes glaciaires se reconstituent. Par conséquent, beaucoup de terres risquent d’être perdues.