Vers une algoculture madelinienne

 

Consommer des algues cultivées aux abords de l’archipel madelinot, c’est le projet de l’entrepreneur et pêcheur de homard madelinot Olivier Renaud. En partenariat avec Merinov et l’École des pêches et d’aquaculture du Québec (ÉPAQ), il développe une filière d’algoculture en mer aux Îles-de-la-Madeleine.

Le pêcheur souhaite exploiter une autre ressource en dehors de la saison de pêche du homard. Comme pêcheur de homard, je vois ça comme une occasion pour donner une plus-value aux activités de pêche, explique-t-il.

Les algues sont un produit très polyvalent. Différentes avenues sont possibles, mais de prime abord, on vise l’alimentation avec le savoir-faire des Îles-de-la-Madeleine pour valoriser les produits locaux.

Une citation deOlivier Renaud, pêcheur et entrepreneur
Un pêcheur debout sur un bateau tient une grande algue.

Pour le moment, ce projet expérimental se fait sous l’enseigne de son entreprise, la Conserverie de l’île d’Entrée.

Je ne peux pas encore en dire beaucoup plus, mais la démarche dans la culture des algues sera sous peu intégrée sous une autre [enseigne], donc [elle aura] sa propre entité, annonce-t-il.

De jeunes algues en aquarium

 

Olivier Renard indique que plusieurs recherches sont en cours avant de lancer cette filière.

Étudiante à la technique d’aquaculture à l’ÉPAQ, Caroline Marcotte participe d’ailleurs à un projet de recherche sur la culture de macroalgues pour la Conserverie de l’île d’Entrée. Elle étudie l’élevage de mollusques en suspension, soit les moules, les pétoncles, les algues et d’autres organismes.

Présentement, je travaille en écloserie dans les laboratoires de l’ÉPAQ, explique-t-elle. Les bébés algues sont installés sur des collecteurs, soit des cordelettes enroulées sur un tuyau de PVC, qui est placé dans des aquariums pour que les algues puissent grandir, précise-t-elle.

Caroline Marcotte dans un laboratoire.

Caroline Marcotte, une étudiante de l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec (Photo d’archives)

L’algoculture, notamment celle de la Saccharina latissima, communément appelée laminaire sucrée, se fait sur de grandes structures subflottantes. En novembre prochain, Mme Marcotte ira installer ses bébés algues en mer aux Îles-de-la-Madeleine pour qu’ils y poursuivent leur croissance.

D’ici quelques semaines, les algues seront assez grandes pour aller dérouler les cordelettes sur les [structures] qui sont placées en mer, là où les algues vont vraiment pouvoir grandir, mentionne-t-elle.

En mai dernier, la Conserverie de l’île d’Entrée avait d’ailleurs bénéficié d’une aide du MAPAQ d’un peu plus de 47 000 $ pour élaborer un procédé de culture de macroalgues.

Si la question de la réglementation autour de la cueillette d’algues au Québec a fait couler beaucoup d’encre récemment, l’algoculture et la cueillette sauvage d’algues ne sont pas réglementées de la même manière.

Puisque la culture et la croissance algales se font en suspension dans l’eau, la notion de cueillette et d’arrachage accidentel auquel sont exposés les plongeurs-cueilleurs d’algues ne s’applique pas aux algoculteurs.

Sur le permis de récolte de plantes marines, qui découle de la Loi sur les pêches, il est indiqué que les récolteurs sont tenus de récolter les algues à la main à l’aide d’un objet tranchant pour éviter d’arracher le pied des algues du fond marin.

Les récolteurs s’exposent donc à des sanctions en vertu de cette même loi, même si l’arrachage est accidentel.

C’est sûr qu’on fait une petite récolte précise d’infimes quantités pour prendre nos géniteurs, qui vont servir à stocker notre banque génétique de semences. Mais à part ça, [la réglementation] ne nous concerne pas du tout, constate Olivier Renaud.

Le pêcheur est toutefois d’avis que de plus amples recherches scientifiques devraient être réalisées pour documenter la filière des algues au Québec, qui devient de plus en plus importante, selon lui.

Source: Radio canada