Le second capteur est dédié à la détection de microplastiques. Équipé de filtres de 300, 150 et 30 microns, capables de piéger différentes tailles de particules dans l’océan. Cette technologie offre aux scientifiques une opportunité unique d’analyser en détail la présence de microplastiques dans les vastes étendues marines traversées par le voilier Nexans – Wewise. Cette étude a également révélé d’autres formes de pollutions, notamment les fibres textiles provenant des eaux usées rejetées en masse par nos machines à laver dans les cours d’eau, puis dans les océans.
Fabrice Amedeo a déjà mené des campagnes de mesure dans l’Atlantique
Entre 2020 et 2024, Fabrice Amedeo a mené de multiples campagnes de mesure dans l’Atlantique, réalisant ainsi un maillage complet de cet océan. Ses participations à la Transat Jacques Vabre, au Vendée Globe (avec une descente jusqu’au 45e parallèle Sud), à la Vendée Arctique (jusqu’au 64e parallèle Nord) et les transatlantiques « retour » entre l’arc Antillais et la France ont largement contribué à ces travaux. Pour le prochain Vendée Globe, prévu l’hiver suivant, l’objectif est ambitieux : mener une campagne de mesures inédite dans les mers du Sud afin d’identifier et de caractériser toutes les pollutions d’origine humaine responsables de la présence de particules ou de fibres dans l’océan, principalement les microplastiques et les fibres textiles.
Fabrice Amedeo, skipper de l’Imoca Nexans-Wewise : « C’est une grande satisfaction de démarrer cette saison 2024 avec les capteurs à bord. Nous allons pouvoir les tester et réaliser des campagnes de mesures entre la France et les États-Unis à la faveur des deux traversées de l’Atlantique entre la France et New York auxquelles je participe au printemps, avant la grande aventure du Vendée Globe. Je suis très fier de porter les valeurs de préservation des océans et de naviguer au service de la communauté scientifique. Ces grands espaces bleus que j’aime tant et notre planète méritent que l’on se mobilise tous. »
Thierry Raynaud, Ingénieur de recherche à l’IFREMER (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer) : « Les courses océaniques sont devenues pour les océanographes une opportunité d’effectuer des mesures des propriétés physico-chimiques de l’eau de mer, une mer changeante victime du réchauffement climatique. L’imoca Nexans-Wewise sera donc équipé d’un instrument multicapteurs, l’Ocean Pack de la société SubCTech, pour mesurer la température, la salinité, le gaz carbonique dissous et la concentration de microplastique à la surface des principaux océans. Il ne s’agit pas de transformer Nexans-Wewise en navire océanographique mais de tirer profit d’une magnifique plateforme qui va traverser les principaux courants océaniques de notre petite planète pour étoffer un réseau d’observation qui s’affine au fils des ans. Ainsi, la température et la salinité de l’eau de mer seront mesurées avec une précision de quelques centièmes de g/L et de °C grâce à la qualité de l’Ocean Pack. Les propriétés de l’eau de mer varient d’une région à une autre ; elles sont peu salées et froides vers les pôles et très salée et chaude près de l’équateur. La salinité de l’eau de mer est un important paramètre dont la valeur reflète les échanges avec basse atmosphère. Elle sera maximum dans les bassins d’évaporation, en Méditerranée ou dans les zones tropicales, et elle diminuera dans les régions pluvieuses ou suite aux apports d’eau douce fluviaux. En mai prochain, Nexans-Wewise traversera deux fois la Dérive Nord Atlantique, souvent appelée Gulf Stream, véritable courant d’eau chaude qui amène des millions de m3 /seconde vers les régions polaires. Des mesures précieuses dans un courant sensible qui participe à la cellule thermohaline de notre système climatique. »
Sophie Lecomte, Directrice de recherche CNRS à l’institut CMBN (Chimie et biologie des membranes et nano-objets – CNRS, Bordeaux INP et université de Bordeaux) : « Le capteur de microplastiques embarqué sur l’Imoca de Fabrice Amedeo est une opportunité scientifique de toute première importance. Les échantillons collectés permettront aux chercheurs de quantifier la contamination en particules anthropiques des océans du globe sur un temps court et d’identifier la nature chimique de ces particules (polyéthylène, polypropylène, cellulose, polyamide, etc.). Cette cartographie permettra de dresser un état de la contamination de nos océans et d’en identifier potentiellement les sources. La connaissance de la distribution des particules dans les différents océans permettra de développer des modèles mathématiques pouvant expliquer le déplacement et le déploiement de cette pollution. »
Source: voiles et voiliers