Le comité scientifique recommande l’arrêt immédiat du déversement en mer, en vigueur depuis la fin des années 1970. Ce rejet continu, notamment dans le golfe de Gabès, menace gravement l’équilibre écologique, en raison de l’accumulation d’impuretés insolubles après la dégradation du gypse. Selon les chiffres du comité, environ 2,8 millions de tonnes de phosphogypse ont été déversées dans la mer à Gabès entre 2011 et 2023.
À cela s’ajoutent 1,6 million de tonnes stockées à Skhira (Sfax) et 0,6 million de tonnes à Mdhila (Gafsa). Les scientifiques préconisent de requalifier le phosphogypse comme un coproduit plutôt qu’un déchet, et d’en encourager la valorisation économique dans des secteurs comme les matériaux de construction, la construction routière, la fabrication de ciment et même l’agriculture (amélioration des sols). Toutefois, ils insistent sur le besoin de solutions de stockage conformes aux normes pour protéger les zones cotieres, et de mener la valorisation de manière progressive, en raison des volumes importants à traiter.
Enjeux environnementaux et justice sociale
Présent à la rencontre, le président de la Commission parlementaire de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Environnement, Chokri Ben Bahri, a souligné la volonté d’aboutir à une décision nationale équilibrée entre développement économique, justice environnementale et droits des populations locales. « Nous ne sommes pas contre le développement, mais celui-ci ne peut se faire au détriment de l’environnement »», a-t-il déclaré.