Une bactérie découverte à l’océanarium de Lisbonne est le dernier espoir de sauver les coraux

Les chercheurs de Técnico sont enthousiastes à l’idée d’utiliser ce nouveau micro-organisme pour coloniser les récifs menacés par le changement climatique.

L’Oceanário de Lisboa possède une grande variété de coraux appartenant à différents écosystèmes marins – Atlantique, Indien, Pacifique et Antarctique. Bien que leur nombre exact soit difficile à déterminer, cette communauté représente une riche collection de toutes les parties de l’océan.

Ce n’est pas un hasard si elles sont internationalement reconnues pour leur beauté et leur excellent état de santé, favorisant des services écosystémiques essentiels pour les plus de 8 000 organismes marins qui peuplent les 30 aquariums de cet océanarium ouvert en 1998 dans le Parque das Nações.

La bactérie découverte à l'océanarium de Lisbonne joue un rôle essentiel dans la nutrition des coraux et les défenses contre les effets du changement climatique. Photo : nizz7, CC BY-NC-ND 2.0, via Flickr
La bactérie découverte à l’océanarium de Lisbonne joue un rôle essentiel dans la nutrition des coraux et les défenses contre les effets du changement climatique. Photo : nizz7, CC BY-NC-ND 2.0, via Flickr

Un environnement contrôlé, à l’abri du réchauffement climatique, peut expliquer en partie pourquoi ces coraux sont si bien préservés. Mais ce n’est pas la seule raison. Ce n’est même pas la raison principale.

Dans les eaux tranquilles de l’Oceanário de Lisbonne, Daniela Silva, Matilde Marques et Joana Couceiro, étudiantes en master et en doctorat à l’Institut Supérieur Technique, ont découvert l’Endozoicomonas lisbonensis.

La bactérie, nommée d’après la capitale portugaise, est responsable de la bonne santé de la communauté corallienne de l’océanarium.

Les Endozoicomonas sont des symbiotes des coraux – les deux organismes interagissent de manière mutuellement bénéfique. Mais E. lisbonensis se distingue surtout par sa capacité à réduire les nitrates en nitrites.

Et c’est un talent crucial pour le cycle de l’azote, l’un des plus importants pour assurer l’équilibre de l’océan et la santé des coraux.

La découverte et l’identification de cette nouvelle bactérie pourraient ainsi représenter une avancée importante dans la conservation des coraux menacés dans tous les océans.

 

Un coup de pouce inattendu pour l’économie circulaire

 

Cet organisme microscopique est également capable de décomposer les glucides complexes courants dans l’environnement, notamment la cellulose, le xylane et la chitine.

L’enthousiasme suscité par E. lisbonensis chez les spécialistes tient aussi à son potentiel pour stimuler la bioéconomie circulaire.

Au-delà des bénéfices qu’elle apporte aux coraux, ces enzymes pourraient s’avérer très utiles pour le recyclage des déchets issus de l’industrie des fruits de mer.

 

Une opportunité pour la protection des océans

 

La chitine est le principal nutriment dans l’alimentation des coraux et pourrait également jouer un rôle dans la défense de ces communautés contre les agents pathogènes fongiques.

Endozoicomonas lisbonensis a la capacité de réduire les nitrates en nitrites, contribuant activement au cycle de l’azote, essentiel à la santé des océans et des coraux. Image : S K/Pixabay
Endozoicomonas lisbonensis a la capacité de réduire les nitrates en nitrites, contribuant activement au cycle de l’azote, essentiel à la santé des océans et des coraux. Image : S K/Pixabay

La découverte de E. lisbonensis à l’Oceanário de Lisbonne pourrait ainsi représenter une opportunité pour protéger les océans, mais il faudra d’abord comprendre en profondeur les mécanismes et les facteurs évolutifs à l’origine de ses interactions.

 

Les défis à relever après la découverte

 

Nombre des hypothèses avancées par les chercheuses doivent encore être testées. Il s’agit d’organismes microscopiques qui passent facilement inaperçus et sont également difficiles à manipuler en laboratoire.

Endozoicomonas lisbonensis a en réalité été isolée en 2022, mais ce n’est qu’à la suite du séquençage complet de son génome qu’il a été possible de confirmer qu’il s’agissait bien d’une nouvelle espèce.

Recréer les conditions idéales pour qu’elle se développe sans contrainte constitue le principal défi auquel l’équipe de l’Institut Supérieur Technique est confrontée. Ce travail est suivi de près par les chercheurs Tina Keller-Costa et Rodrigo Costa, de l’Institut de Bioingénierie et de Biosciences (iBB), par la directrice de la biologie et de la conservation Núria Baylina, ainsi que par l’aquariste superviseure Elsa Santos de l’Oceanário de Lisbonne.

Source : tameteo