Un trésor englouti du XVIe siècle découvert à 2500 mètres de profondeur en Méditerranée, au large de Ramatuelle

 

Une mission de la Marine nationale a permis de localiser une épave à plus de 2 500 mètres sous la Méditerranée. La plus profonde jamais référencée. La cargaison, composée de céramiques ligures, se trouve dans un état de conservation exceptionnel.

Une équipe de la Marine nationale a fait une découverte archéologique exceptionnelle dans les abysses de la Méditerranée. À plus de 2 500 mètres de profondeur, au large de la commune varoise de Ramatuelle, une épave de navire marchand du XVIe siècle, inconnue jusqu’alors, a été repérée lors d’une mission militaire de maîtrise des fonds marins. Baptisée Camarat 4, du nom du cap voisin et parce qu’il s’agit du quatrième bien culturel maritime répertorié dans cette zone, cette épave représente une découverte inédite par sa profondeur et son remarquable état de conservation.

« Il s’agit de l’épave la plus profonde jamais découverte dans les eaux territoriales françaises« , a déclaré Arnaud Schaumasse, directeur du Drassm (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, dont le siège se trouve à L’Estaque à Marseille), lors d’une présentation à la presse à bord de leur navire-laboratoire, l’Alfred-Merlin, à Nice.

 

Une découverte fortuite permise grâce à la haute technologie

 

C’est à l’occasion de la mission militaire Calliope 25.1, conduite début mars 2025 par la Marine nationale, que l’épave a été détectée. L’opération, à vocation exploratoire, visait à renforcer les compétences françaises dans la surveillance et la connaissance des fonds marins. Le navire a été repéré par un véhicule autonome sous-marin. « Le sonar a détecté quelque chose d’assez important, alors nous y sommes retournés avec la caméra de cet engin autonome, puis de nouveau avec un robot sous-marin, pour obtenir des images d’une très grande qualité« , a expliqué Thierry de la Burgade, adjoint au préfet maritime de la Méditerranée.

Après l’analyse des données sonar, une structure inhabituelle est apparue sur les images : il s’agissait d’une épave non cartographiée.

Une seconde plongée, réalisée quelques semaines plus tard avec un véhicule téléopéré de la société Louis-Dreyfus Travocean, depuis le bâtiment BSAA Jason, a permis de filmer l’épave avec précision, sans la toucher. Les images ont ensuite été transmises au Drassm pour expertise. L’épave, longue de 30 mètres et large de 7, serait un navire de commerce du XVIe siècle, probablement d’origine ligure, comme en témoigne une partie de sa cargaison visible : environ 200 pichets en faïence polychrome, ornés de motifs religieux et géométriques, ainsi qu’une centaine d’assiettes. Des éléments de bord tels qu’ancres, canons et chaudrons ont également été identifiés. « Dissimulés sous le sable, de nombreux vestiges affleurent et seront à étudier plus précisément« , indique le Drassm.

 

Un site archéologique figé, unique et préservé

 

À une telle profondeur, aucune opération de récupération n’a été possible depuis le naufrage, ce qui a permis à l’épave d’échapper aux pillages et aux dégradations habituelles. « Ce site, grâce à sa profondeur qui a empêché toute récupération ou pillage, est resté intact, comme si le temps s’était arrêté, ce qui est exceptionnel et présente un très fort potentiel archéologique« , a précisé Marine Sadania, archéologue responsable du Drassm pour la région Paca.

Le site offre ainsi une opportunité rare d’étudier un ensemble archéologique quasi intact, figé dans le temps depuis plus de 400 ans. Le Drassm prévoit désormais une série d’interventions scientifiques : cartographie 3D du site, prélèvements ciblés, études spécialisées en céramique, artillerie, architecture navale, etc. Le site pourrait également faire l’objet de modélisations virtuelles et expositions publiques, ainsi que d’actions de sensibilisation à la pollution marine, l’épave n’échappant pas à la présence de micro et macrodéchets.

Votre opinion compte pour nous. Rejoignez la communauté laprovence.com en réagissant sur l’article Un trésor englouti du XVIe siècle découvert à 2500 mètres de profondeur en Méditerranée, au large de Ramatuelle.

Source : la provence