Traité sur le plastique : 5 initiatives pour limiter la pollution des océans
28 novembre 2024
28 novembre 2024
Les négociateurs de 175 pays se sont donné rendez-vous jusqu’au dimanche 1er décembre en Corée du Sud, pour finaliser un traité mondial visant à mettre fin à la pollution plastique. À une échelle moindre, ONG et scientifiques se mobilisent pour empêcher que les plastiques se retrouvent dans les océans.
Les chiffres donnent le vertige. En moins de vingt ans, la production de plastique a doublé dans le monde, pour atteindre 460 millions de tonnes en 2019, d’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La Commission européenne estime qu’entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de ce matériau polluant se retrouvent chaque année dans les océans, allant jusqu’à former des « continents de plastique ».
Du lundi 25 novembre au dimanche 1er décembre, les représentants de 175 pays se réunissent en Corée du Sud pour tenter de finaliser un projet de traité visant à mettre fin à la pollution plastique dans le monde.
Mais scientifiques, gouvernements et associations n’ont pas attendu la signature potentielle de ce texte pour tenter, à leur échelle, d’éviter que le plastique ne se retrouve dans l’océan, et ne porte atteinte à sa riche biodiversité. Un point clair sur l’actualité de la journée, avec le regard de La Croix.
Depuis plus de vingt ans, la Surfrider Foundation, l’une des grandes associations de lutte contre la pollution des océans, organise des opérations de ramassage des déchets sur les plages.
Plusieurs collectes sont organisées chaque jour aux quatre coins du monde. En 2022, l’ONG en a recensé 2 029. Ces opérations ont permis de ramasser 770 420 déchets.
Mais, au-delà du nettoyage de certaines plages, ces initiatives permettent surtout de sensibiliser les participantes et participants à la pollution plastique et à l’importance de protéger l’océan, un écosystème fragile. En moyenne, de 40 000 à 60 000 personnes y prennent part chaque année.
De mai à novembre 2019, la goélette de la Fondation Tara Océan a parcouru plusieurs mers européennes (Méditerranée, côte Atlantique…) et les embouchures de dix grands fleuves (la Tamise, la Loire, le Rhône, le Tibre…) avec plusieurs scientifiques à son bord.
Le but ? Comprendre comment les plastiques arrivent dans la mer, et leurs effets sur les organismes marins et la chaîne alimentaire.
Les scientifiques ont trouvé des microplastiques, c’est-à-dire des particules d’une taille inférieure à 5 mm, dans tous les échantillons prélevés au cours des 18 escales.
Cette expédition, dont les prélèvements sont toujours en cours d’analyse, a aussi permis de comprendre que les particules de plastique commençaient déjà à se dégrader dans les fleuves. Avant, les chercheurs pensaient que ces déchets se décomposaient uniquement en pleine mer sous l’effet des vagues et des rayons UV du soleil.
Pour stopper l’hémorragie de plastique dans l’océan, encore faut-il en réduire la production. C’est le sens d’un texte voté en avril dernier à l’échelle de l’UE : les Vingt-Sept devront réduire de 5 % par rapport à 2018 la quantité d’emballages produits par habitant d’ici à 2030.
En France, plusieurs produits en plastique ont déjà été interdits : d’abord les sacs à usage unique en 2017, alors que cinq milliards d’entre eux étaient distribués chaque année, puis les couverts et assiettes jetables en 2021.
À partir du 1er janvier prochain, les cantines scolaires et universitaires ne pourront plus utiliser de contenants alimentaires de cuisson et de service en plastique.
Des associations comme Zero Waste et No Plastic in My Sea organisent régulièrement des challenges pour pousser les consommateurs à réduire au maximum leur achat de produits emballés dans du plastique.
Partout dans le monde, des bateaux sillonnent les mers et océans pour récupérer le plastique et le recycler. C’est par l’exemple le cas de ceux mis à l’eau par l’ONG néerlandaise Ocean Cleanup, qui s’est fixé pour objectif de « nettoyer l’océan de 90 % de sa pollution plastique d’ici à 2040 ».
Le skippeur franco-suisse Yvan Bourgnon a monté un projet similaire, baptisé « Manta ». Le navire éponyme, de 56 mètres de long, permettra de ramasser, traiter et valoriser de 5 000 à 10 000 tonnes de déchets en plastique par an, à partir de 2026.
Bien qu’ambitieux, ces projets ne représentent qu’une goutte d’eau par rapport aux millions de tonnes de plastiques contenus dans l’océan, dont la plupart, dégradés en microparticules, sont invisibles à l’œil nu.
80 % des déchets en plastique qui polluent les océans proviennent des fleuves. Ces dernières années, des ingénieurs ont créé des barrières pouvant être installées sur les cours d’eau pour attraper ces déchets avant qu’ils n’atteignent la mer.
C’est par exemple le cas des « barrières à bulles », créées par une start-up néerlandaise. Ce système, installé en amont du bassin de la Villette, à Paris, en septembre dernier, capterait jusqu’à 86 % des déchets d’un cours d’eau, d’après l’entreprise qui le déploie.