Stocker le CO2 dans le sous-sol, une solution actuellement testée en Islande

En Islande, une stratégie prometteuse est testée pour capturer le CO2 de l’atmosphère : le stockage dans le sous-sol basaltique. Une possible solution pour lutter contre le changement climatique dont l’efficacité à grande échelle reste néanmoins limitée.

Parmi les solutions pour lutter contre le changement climatique existe la capture des gaz à effet de serre qui flottent dans l’atmosphère. Ces gaz, comme le CO2 et le méthane, piègent la chaleur dans l’atmosphère terrestre, ce qui provoque une augmentation de la température globale sur Terre.

Aujourd’hui, non seulement nous battons des records de concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère — du jamais vu depuis des millions d’années — mais aussi la vitesse de l’augmentation des concentrations de CO2 dans l’atmosphère dépasse l’entendement. Plus il y a de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, plus notre climat change, et plus cela risque de créer des impacts irréversibles sur les écosystèmes et les sociétés humaines.

 

Capturer directement le CO2 de l’atmosphère

 

Déjà, tout ce qui nous permet de moins dépendre des énergies fossiles est bon à prendre. Mais une autre stratégie se développe en parallèle. Elle vise à capturer directement les gaz à effet de serre, comme le CO2, dans l’atmosphère. Certains écosystèmes font ça très bien. On sait que les océans, les sols, les prairies absorbent une partie des émissions humaines. Mais ces puits de carbone naturels ne sont efficaces que tant que ces écosystèmes en bonne santé, ce qui est de moins en moins le cas. C’est pour cela que plusieurs projets de capture et de stockage de CO2 par la technologie, sont en train de voir le jour.


Le CO2 injecté à 700 m de profondeur

 

Concrètement, de gros ventilateurs forcent l’air à passer au travers de filtres, qui capturent le CO2 tout en permettant aux autres composants de l’air de continuer leur chemin. Et cette technologie marche déjà sur 18 usines. La semaine dernière justement, la plus grande usine de capture directe de CO2 au monde a été inaugurée en Islande.

Ce n’est pas un hasard si l’entreprise suisse Climeworks a décidé d’installer son usine en Islande. L’énergie géothermique très courante en Islande est utilisée pour alimenter l’installation et chauffer les filtres chimiques. L’usine fonctionne à 100 % aux énergies renouvelables. C’est un point important, car aujourd’hui cette technique est très très gourmande en énergie.

Climeworks travaille avec l’entreprise CarbFix pour la suite du voyage du CO2. Le gaz est dissout dans de l’eau, pour faire un peu comme de l’eau pétillante. Cette eau est ensuite injectée à forte pression à 700 m dans le sous-sol basaltique islandais. Le basalte réagit vite avec l’eau chargée de CO2, formant un minéral stable, un minéral carbonaté en seulement quelques années ! Ça ne bougera plus pendant quelques millions d’années au moins.

 

Une efficacité à grande échelle qui reste limitée

 

On parle ici de technologie naissante, en plein développement, et telle qu’elle est aujourd’hui, non, cela ne sera pas suffisant. À sa capacité maximale, l’usine islandaise pourra capturer 36 000 tonnes de CO2 par an. Par comparaison, l’année dernière, les activités humaines ont produit 37 milliards de tonnes de CO2. L’usine de Climeworks nous débarrassera de l’équivalent des émissions de 7 800 voitures thermiques. Les critiques craignent que cette technologie offre aux entreprises une licence à polluer, de continuer leur activité sans rien y changer, mais de payer un prestataire pour faire le boulot.

Le troisième groupe de travail du GIEC dans son dernier rapport insiste que pour éviter les pires effets du changement climatique, il va d’abord falloir empêcher autant que possible les émissions de gaz à effet de serre d’atteindre l’atmosphère, et ensuite d’éliminer le carbone déjà présent dans l’air. La meilleure tonne de CO2 est celle qui n’est jamais émise.

Source: Radiofrance