« S’il y en a plein, c’est sûr, je n’irai pas me baigner » : les barracudas envahissent les calanques
21 février 2024
21 février 2024
C’est un spectacle presque irréel, que l’on découvre dans le reportage du 13H ci-dessus. Des centaines de barracudas, bien loin de la mer Rouge ou de l’Océan Indien, où cette espèce prolifère. Ceux-ci nagent au large de la Ciotat. Pour les approcher, il faut plonger à 40 mètres de profondeur. Avec leurs crocs acérés, ces poissons carnassiers mesurent jusqu’à deux mètres de long. Cette espèce tropicale, habituée des mers chaudes, mais présente en Méditerranée orientale depuis les années 1970, est aujourd’hui visible sur nos côtes même en hiver, et de plus en plus loin à l’ouest.
Depuis « 4 ou 5 ans », les plongeurs de la région contemplent le spectacle de ces « tornades » lentes, dont les gros bancs tourbillonnent, comme ils l’expliquent au micro de TF1. Ils entrent par le bas de ce vortex, pour admirer le phénomène de l’intérieur. Les pêcheurs locaux s’adaptent, professionnels ou amateurs, et remontent de plus en plus de barracudas. Même depuis la rive, aux abords des zones portuaires, il est devenu facile d’en pêcher.
Même s’il est reconnu pour sa chair tendre, vendue à moins de 15 euros le kilo, sa présence près des plages n’est pas forcément bien perçue par les habitants et les touristes, qui le connaissent mal. « S’il y en a plein, c’est sûr, je n’irai pas me baigner« , nous avoue une dame. « Parce que ça mord, ils sont dangereux », affirme une autre, tandis qu’un homme se demande s’ils vont « remplacer les requins », et espère ne pas en croiser un.
Aucune attaque de barracuda n’a été signalée jusqu’à présent. S’il est intimidant, et pourvu d’une mâchoire impressionnante, il ne chasse que des poissons et des invertébrés marins. Les accrochages avec l’homme sont rarissimes, et peu dangereux. Les dents du barracuda peuvent toutefois occasionner des blessures, quand il s’est senti menacé ou acculé.
Il recherche des eaux chaudes, et la mer Méditerranée a pris un degré en 30 ans. Arrivé progressivement des mers du sud via le canal de Suez, ouvert en 1869, le barracuda s’est d’abord cantonné aux côtes orientales et méridionales de la Méditerranée. C’est depuis une cinquantaine d’années, à la faveur du réchauffement climatique, qu’il s’est mis à explorer le nord, en s’établissant notamment dans le golfe de Gênes.
S’il n’est pas un danger immédiat pour l’homme, sa présence pourrait menacer des espèces locales de poissons et de poulpes, dont il est friand. Alors que les températures continuent de grimper, d’autres espèces tropicales ont fait leur apparition en Méditerranée, et pourraient bouleverser les écosystèmes dans les prochaines années.