Santé, cosmétique… les étoiles de mer qui prolifèrent et dévorent les coquillages ont des propriétés que l’on peut exploiter

 

Ces dernières années, les étoiles de mer ont colonisé les baies bretonnes. Elles sont voraces et dévorent moules, huîtres et coquillages, au grand dam des conchyliculteurs. Des chercheurs tentent de trouver des débouchés pour ces demoiselles, pour faire de ce qui ressemble à un fléau une ressource utile. [Article initialement publié le 05 avril 2025]

Rien que pour l’année 2023, les scientifiques ont estimé que pour les seules baies de Concarneau et de Douarnenez, les étoiles de mer représentaient une biomasse de 1 300 tonnes, c’est-à-dire sans doute des milliers de tonnes dans les eaux françaises.

Sachant qu’une étoile peut consommer jusqu’à 10 mollusques en 24h, il y a de quoi inquiéter les conchyliculteurs.

Guillaume Nicolle, est mytiliculteur. Il élève des moules de cordes et constate au quotidien l’appétit vorace des étoiles. Entre elles et les daurades, c’est 30 à 40% de ses moules qui se font croquer. « Les étoiles de mer pour nous c’est un prédateur, dit-il. Il y a un arrêté dans le Finistère qui demande la destruction de cette espèce qui est considérée comme invasive « . 

En 2022, les scientifiques estimaient à 1300 tonnes la biomasse d’étoiles de mer dans les baies de Concarneau et Douarnenez. • © Stéphane Soviller / France Télévisions

 

Une espèce invasive et sans prédateur

 

Ces dernières années, il voit les étoiles proliférer, sans solution. Elles n’ont pas de prédateurs, et leurs larves portées par les courants se développent à l’intérieur même des filets de protection.

Pour l’instant, la seule solution pour le mytiliculteur consiste à les retirer une par une à la main. Débarquées à terre, elles sont ensuite incinérées comme de banals déchets.

Pourtant, les scientifiques en sont persuadés, ces étoiles ont des pouvoirs magiques… Il faut juste les découvrir.

 

Un projet pour valoriser les étoiles

 

Depuis 2021, pêcheurs et scientifiques Muséum d’histoire naturelle de Concarneau travaillent ensemble dans le cadre du projet Valasterid pour trouver des moyens de valoriser les étoiles.  

La biomasse a d’abord été quantifiée, une campagne de pêche ciblée a été menée dans la baie de Quiberon. « En 1h30, une tonne d’étoiles de mer a été ramassée, c’est considérable », explique Maxime Kéraudran, coordinateur des projets étoiles de mer à la station marine de Concarneau.

 

En 1h30 dans la baie de Quiberon, les pêcheurs ont ramené une tonne d’étoiles de mer • © Stéphane Soviller / France Télévisions

Dans les laboratoires, les scientifiques tentent depuis de découvrir leurs propriétés. Elles pourraient être utilisées pour la médecine, des traitements contre le cancer et les maladies inflammatoires. Elles pourraient également servir dans la cosmétique, les bio matériaux ou l’alimentation animale.

Le groupe Roullier à Saint-Malo a conçu une sorte de machine qui reproduit un estomac de vache : les chercheurs y installent du fourrage et une molécule issue des étoiles pour vérifier si cette molécule peut ou non améliorer la digestibilité de l’aliment. Un enjeu crucial, car si les animaux assimilent mieux leur ration, ils pourront peut-être produire plus de lait ou plus de viande.

D’autres expériences sont menées avec des plantes. Les propriétés des étoiles de mer peuvent-elles leur permettre de mieux résister au stress hydrique ou thermique lié au réchauffement climatique ?

 

Des études prometteuses

 

Les études sont en cours, mais si elles aboutissent, elles pourraient transformer l’ennemi « étoile de mer » en chance. Les pêcheurs seraient même rémunérés pour les ramasser…

Une étoile de mer dans son élément • © Stéphane Soviller / France Télévisions

Les premiers résultats sont prometteurs, mais les scientifiques restent prudents :  » l’étoile de mer à un rôle à jouer dans son écosystème, prévient Maxime Kéraudran. L’idée, ce n’est pas de mettre en danger les populations d’étoiles mais de trouver un juste milieu. Cette ressource pêchée et laissée de côté que l’on vit aujourd’hui comme un gaspillage, il faut que l’on en fasse quelque  chose d’utile. »

Source : France Info