Que dit Starfish, le premier bulletin de santé des océans ?

 

L’océanographe Marina Lévy a présenté à Nice, en marge du sommet de l’ONU sur les océans, un nouvel indicateur de référence pour suivre l’état des mers.

Le 8 juin, dans le cadre de la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc 3) à Nice, le premier bulletin mondial sur la santé de l’océan, le baromètre Starfish, a été dévoilé. L’océanographe française Marina Lévy en a été la coordinatrice scientifique, aux côtés de Pierre Bahurel, directeur général de Mercator Ocean International, qui entretient un « jumeau numérique » de l’océan.

Le baromètre Starfish a pour objectif de fournir une synthèse claire de l’état de santé de l’océan, des pressions humaines et de leurs impacts. « L’ambition de ce baromètre est double : d’une part informer les citoyens et les décideurs sur l’état de l’océan, et d’autre part de pouvoir suivre, année après année, ses évolutions », explique Marina Lévy* au Point.

Développé sous la forme d’une étoile de mer (starfish en anglais), le baromètre repose sur cinq axes. Le premier est centré sur l’état de santé de l’océan alors que les quatre autres découlent des interactions entre l’homme et les mers. Les conclusions sont claires : l’océan va mal. Il se réchauffe, le niveau de la mer monte et les écosystèmes sont menacés.

 

Un indicateur de référence

 

Le baromètre montre que les pressions humaines augmentent, menaçant ainsi les habitats marins. Le changement océanique entraîne également des coûts humains, économiques et environnementaux croissants, avec des pertes liées aux catastrophes naturelles dépassant les 100 milliards de dollars par an, une hausse des primes d’assurance, un record de morts en mer parmi les migrants, et des impacts graves sur la santé et la biodiversité dus à la pollution plastique.

À cela s’ajoute le fait que l’humanité dépend, plus que jamais, de l’océan. Avec une production alimentaire marine atteignant plus de 115 millions de tonnes, cette dépendance rend la mise en place de pratiques durables encore plus urgente et complexe.

Le baromètre est pour Marina Lévy un véritable « travail de curation de données et de connaissances qui va permettre d’avoir une vision globale. Ce qu’il apporte de nouveau, c’est qu’il rassemble tout en un seul endroit et qu’il permet de suivre cela, d’année en année ». De quoi avoir enfin « une source fiable, une référence », ajoute-t-elle.

* À 57 ans, Marina Lévy est directrice de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et conseillère océan pour l’Institut de recherche pour le développement (IRD) depuis 2024. Elle a intégré le CNRS en 1998, après avoir suivi des études de physique à l’École polytechnique (promotion 1989) et réalisé un post-doctorat au Lamont-Doherty Earth Observatory de l’université Columbia, à New York.

Source : Le point