Quand le moratoire sur les plastiques à usage unique entrera-t-il en vigueur ?
24 octobre 2024
24 octobre 2024
La Tunisie est confrontée à une situation environnementale délicate due à la pollution plastique.
En réponse à cette situation, le gouvernement tunisien a instauré un moratoire sur les plastiques à usage unique (PUU), visant à réduire l’impact de ces déchets sur l’environnement et la santé publique. Cette initiative s’inscrit dans un cadre plus large de lutte contre la pollution et de transition vers une économie circulaire.
Un cadre législatif en évolution
Le décret n° 32 du 16 janvier 2020 a marqué un tournant dans la gestion des déchets plastiques en Tunisie. Ce texte interdit la production, l’importation et la distribution de sacs plastiques à usage unique, avec des exceptions pour les alternatives biodégradables et réutilisables.
Bien que cette réglementation ait été adoptée, son application effective reste un défi. Les autorités ont reconnu la nécessité d’un cadre technique et réglementaire solide pour éviter le contournement de la loi. Des normes spécifiques sont en cours d’élaboration pour assurer le contrôle de la qualité des alternatives proposées, tout en sensibilisant les acteurs économiques et les consommateurs aux enjeux environnementaux.
Les impacts environnementaux et économiques de la pollution plastique
La pollution plastique est devenue un enjeu majeur en Tunisie, où les sacs en plastique à usage unique (PUU) contribuent de manière significative à la dégradation de l’environnement. Chaque année, environ 4,2 milliards de ces sacs sont utilisés dans le pays, entraînant des conséquences désastreuses tant pour les écosystèmes que pour la santé publique.
Les sacs plastiques, en raison de leur légèreté et de leur capacité à se disperser facilement, obstruent les voies d’eau et provoquent des inondations dans plusieurs villes. Cette obstruction entraîne également des émanations nauséabondes provenant des eaux usées, aggravant ainsi les conditions sanitaires dans les zones urbaines.
De plus, ces déchets plastiques se fragmentent en micro-particules qui sont ingérées par la faune marine, contaminant ainsi la chaîne alimentaire et menaçant la biodiversité marine.
L’impact économique de cette pollution est également alarmant. Selon une étude du Fonds mondial pour la nature, l’économie bleue tunisienne perd plus de 20 millions de dollars par an à cause de la pollution plastique. Les plages, autrefois prisées pour leur beauté naturelle, sont aujourd’hui souillées par des déchets plastiques, ce qui nuit au tourisme et à l’économie locale. En juin 2022, 21 plages ont été déclarées impropres à la baignade, un signe révélateur de l’ampleur du problème.
Une mobilisation collective nécessaire
Pour que cette interdiction soit réellement efficace, une mobilisation des différents acteurs est indispensable. Le ministère de l’Environnement a engagé des partenariats avec des organisations non gouvernementales et le secteur privé pour promouvoir des solutions durables.
Des campagnes de sensibilisation sont mises en place pour encourager l’adoption de sacs réutilisables et d’autres alternatives écologiques. Le soutien du Fonds Mondial pour la Nature souligne l’importance de cette démarche, qui vise non seulement à réduire les déchets plastiques, mais aussi à protéger les écosystèmes marins menacés par cette pollution.
Malgré les efforts déployés, la mise en œuvre effective du moratoire reste entravée par plusieurs obstacles. Environ 4,2 milliards de sacs plastiques sont utilisés chaque année en Tunisie, dont une grande partie finit dans la nature. Les statistiques révèlent que le taux de gestion des déchets plastiques mal contrôlés atteint 60%, ce qui met en lumière les lacunes persistantes dans le système de gestion des déchets.
Pour remédier à cette situation, il est impératif d’adopter une approche systémique qui englobe non seulement des mesures réglementaires strictes, mais aussi des initiatives éducatives visant à changer les comportements des consommateurs.
L’engagement du gouvernement tunisien envers un avenir sans plastique à usage unique est louable, mais sa réussite dépendra d’une collaboration étroite entre tous les acteurs concernés. La transition vers une économie circulaire nécessite un changement profond des mentalités et des pratiques, tant au niveau individuel qu’institutionnel.
La lutte contre la pollution plastique ne peut se faire sans une prise de conscience collective et une action concertée pour préserver l’environnement et garantir un avenir durable pour les générations futures.