Préservons les océans. Les échos de la mer
17 novembre 2023
17 novembre 2023
Le vendredi 10 novembre 2023, en conclusion du One Planet-Polar Summit, le premier sommet international consacré aux pôles et aux glaciers menacés par le réchauffement climatique qui se tenait au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, une trentaine d’États ont signé un appel en faveur de ces espaces fragiles. Parmi eux, plusieurs pays européens mais aussi l’Inde, Singapour, la Corée du Sud… Ou encore Tuvalu et l’Australie, qui vient d’offrir l’asile climatique aux 11 000 citoyens de ce petit ensemble d’îles du Pacifique grignoté par la montée des eaux et menacé de disparition. L’appel de Paris se veut un cri d’alarme
face à la fonte des glaces mais aussi un encouragement à la coopération et au développement de la recherche. Le glaciologue Jérôme Chappellaz, coprésident du Comité de conseil scientifique du sommet, a fait part à son issue de son grand niveau de satisfaction
tout en regrettant que la coalition ne soit pas encore plus large
. Lors de ce sommet, le président Macron a également annoncé que la France investirait un milliard d’euros d’ici 2030
dans la recherche polaire ainsi que la construction d’un nouveau navire d’exploration polaire qui sera basé entre Nouméa (Nouvelle-Calédonie) et Hobert (Australie). Il prendra le nom de l’ex-Premier ministre Michel Rocard, premier ambassadeur de France pour les pôles, et se partagera entre le Pacifique Ouest et l’Antarctique.
Le 20 novembre 2023, la Commission nationale du débat public, missionnée par l’État et RTE, lancera une grande consultation publique sur la planification maritime et l’éolien en mer qui ne devrait prendre fin qu’à la mi-mars 2024. L’occasion, pour chaque citoyen, de prendre part à l’élaboration des décisions à venir concernant la mer et les littoraux.Mais aussi de s’exprimer sur les perspectives de développement de l’éolien en mer durant les prochaines années et notamment en 2035 (objectif 18GW en fonctionnement) et en 2050 (objectif 40GW en fonctionnement) »,
précise l’association Surfrider Foundation. Loin d’être opposée au développement de l’éolien en mer, Surfrider prône une politique de développement des EMR raisonnée. Nous suivons attentivement chacun des projets en cours, après nous être assurés que les études nécessaires permettant d’en diminuer les impacts ont bien été menées en amont
.
L’association Bloom a mis en demeure, le 1er novembre, l’enseigne de supermarchés Carrefour pour qu’elle change radicalement ses pratiques d’achats et qu’elle cesse de faire croire aux consommateurs que ses poissons industriels sont issus de pêches durables
». L’association dit accumuler les preuves depuis des années de la violence systémique des industriels de la pêche
. En collaboration avec la clinique juridique internationale des droits humains de l’université de Harvard et la clinique juridique de Sciences Po, elle a documenté l’ensemble des abus humains et écologiques recensés dans la chaîne d’approvisionnement du thon
, explique la présidente de Bloom, Claire Nouvian Et d’énumérer les violations de droits humains dont, selon l’association, sont coupables les industriels de la pêche et de la transformation du thon dans l’océan Indien et le Pacifique : servitude pour dettes, retenue et non-paiement des salaires, traite des êtres humains, violences physiques et verbales, esclavage, conditions de travail inhumaines à bord des navires de pêche, travail sous la contrainte ou sous la menace d’une atteinte à l’intégrité physique, coups et blessures ou encore exploitation généralisée des travailleurs migrants, harcèlement sexuel, violences et discriminations fondées sur le sexe envers les femmes qui occupent 90 % des emplois dans les installations de transformation des produits de la mer, travail des enfants…
La France a décidé d’augmenter de 12 % les quotas de pêche à l’anguille alors que les experts du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) recommandent d’interdire la pêche recommandent d’en interdire la pêche. Pour 2023, le CIEM qui conseille les pays européens dans la fixation des quotas de pêche a indiqué a indiqué que lorsque l’approche de précaution est appliquée, les captures devraient être nulles dans tous les habitats en 2023. Cela s’applique à la fois aux captures récréatives et commerciales et inclut les captures de civelles pour le repeuplement et à l’élevage.
Dans leur avis rendu ce mercredi 1er novembre 2023, les experts du CIEM recommandent de ne plus pêcher d’anguille européenne, quels que soient son stade de croissance (civelle, jaune ou argentée) et son lieu de vie, en raison de la très grande fragilité de cette population de poissons. S’appuyant sur les données de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’association Ethic Ocean enfonce le clou « Ce poisson, autrefois très abondant en mer, sur nos côtes, mais aussi dans nos estuaires, nos rivières, nos ruisseaux, est aujourd’hui en danger critique d’extinction, le dernier stade avant sa disparition définitive de la planète. Son sort est encore bien plus préoccupant que d’autres espèces qui incarnent la perte de biodiversité et qui sont interdites de pêche, comme les requins bleus ou les baleines. Elle déplore que la France pêche 90 % des civelles vendues en Europe ( « un business de 15 M€ ») et qu’elle est le deuxième pays pour la d’anguilles jaunes et argentées (plus de 290 tonnes en 2022).
À la une de la dernière newsletter d’Océans connectés, le média en ligne consacré aux sciences de la mer créé par notre marraine Carole Saout-Grit, océanographe nantaise, l’Institut de l’océan, plus grande université de recherche marine d’Europe qui regroupe 1 500 chercheurs, ingénieurs ou techniciens issus de l’un des trente laboratoires de l’Alliance Sorbonne Université. Son directeur, Christophe Prazuck, développe sa volonté de créer des synergies entre les différentes spécialités des sciences océaniques grâce à des groupes de travail pluridisciplinaires. À lire également l’article sur les courants océaniques records et le remodelage des fonds marins liés à l’éruption du volcan Hunga Tonga, dans le Pacifique Sud ; et l’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’océanographie.