Pourquoi le prochain sommet sur l’océan est une chance unique de sauver nos mers, selon Tara Ocean
26 mars 2025
26 mars 2025
La France accueillera en juin prochain le premier événement d’ampleur sur la protection de l’océan, organisé sous l’égide de l’ONU. La fondation Tara Océan compte bien en profiter pour fédérer davantage d’Etats contre la prolifération du plastique ou l’exploitation minière des grands fonds marins.
«On n’aura qu’une seule fois dans notre vie l’occasion d’accueillir une conférence sur l’océan en France», s’enthousiasme Romain Troublé, le directeur général de Tara Océan. Malgré l’élévation de la température des eaux, le recul du trait de cote, l’acidification des océans et le ralentissement des courants profonds, le ton de cette fondation dédiée aux espaces marins est résolument enthousiaste à l’approche de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan, l’UNOC 3 pour les initiés.
Il faut dire qu’après deux éditions d’ampleur limitée, en 2017 à New-York, puis en 2022 à Lisbonne, l’ONU tient enfin son premier événement de haut niveau sur le sujet, ce mois de juin prochain à Nice. Il est co-organisé par la France et le Costa-Rica.
Bien sûr, le point d’orgue, ce sera les cinq jours de négociations entre les Etats, du 9 au 13 juin. Tara Océan va les suivre de près, afin de peser autant que possible sur le contenu de la déclaration politique finale, comme lors d’une COP. «Jusqu’ici, il n’y avait pas de vision systémique et holistique de l’océan. Il faut rappeler que sa gouvernance est très fragmentée, partagée entre le climat et la biodiversité et que 18 agences onusiennes s’y intéressent», souligne Romain Troublé.
Le moment sera donc historique. Mais pas révolutionnaire. Le contenu de la déclaration finale, non engageante pour les Etats, est déjà connu. Reste à en pousser plus ou moins les curseurs. Le plus important sera de soutenir dans son intégralité l’objectif 14, indiquant qu’il faut «conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines pour le développement durable.»
Et puis, il y aura tout ce qui va se passer autour. Et ce sera peut-être le plus important finalement. Tara Océan attend ainsi beaucoup des coalitions de pays qui pourraient émerger, afin de soutenir des actions concrètes. Elle ne manque pas d’idées à leur proposer. A commencer par l’initiative Let’s Be Nice to the Ocean, lancée avec le cabinet Varda Group, et visant à ce que le principe de protection de l’océan devienne la norme, au moins concernant la haute mer des eaux internationales, les grands fonds marins et l’Océan austral (Antarctique). «C’est à ceux qui veulent en exploiter les ressources de prouver l’innocuité de leurs actions sur les écosystèmes et non aux ONG qui le défendent. La charge de la preuve doit être inversée !», détaille André Abreu, directeur des politiques internationales de la fondation.
Une task force de juristes internationaux sera par ailleurs lancée le 9 juin à la Villa Arson. Sa mission ? Mettre au point une proposition de texte qui pourrait être validée lors de la prochaine Conférence onusienne sur l’océan, en 2028. Mais ce sera aussi une façon d’occuper le terrain médiatique et de réunir des forces pour soutenir le moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins qui pourrait être remis en cause par l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) l’été prochain en Jamaïque.
La fondation pousse aussi l’idée d’un dispositif technique de surveillance de l’océan, afin que plus aucun bateau ne disparaisse des radars. Certains désactivent en effet leur système AIS (Automatic Identification System) lors des pêches illégales. Elle soutient également l’IPOS (International Panel for Ocean Sustainability) qui doit permettre de réunir une coalition d’experts scientifiques sur l’océan. Elle n’oublie pas non plus l’objectif de 30% d’Aires Marines Protégées, d’ici 2030. Ni celui de faire ratifier le Traité international pour la protection de la biodiversité en haute mer (BBNJ).
Et pourquoi pas réussir à fédérer des pays autour de la réduction d’au moins 50% de notre production de plastiques dans le monde, dans le cadre des négociations en cours sur le Traité international contre la pollution plastique ? «C’est un chiffre qui paraît énorme mais qui n’est pas si fou finalement et qui n’affecterait pas notre économie. Cela correspond au niveau de notre production en 2017, il y a seulement huit ans», rappelle Henri Bourgeois-Costa.