Pour rendre impossible la pêche au chalut de fond, Greenpeace largue d’énormes blocs de pierre en mer

 
Greenpeace veut « empêcher immédiatement les chalutiers destructeurs de pouvoir opérer dans la zone en les empêchant de traîner leurs filets de pêche le long du fond marin »
 

Contrairement aux navires qui circulent habituellement au large de la pointe sud-ouest de l’Angleterre, l’équipage de Greenpeace ne jette pas en mer des filets mais d’énormes blocs de pierre. Son objectif : empêcher des pratiques « destructrices » de pêche industrielle.

À bord de « l’Arctic Sunrise », le célèbre navire océanographique du groupe de défense de l’environnement, les militants ont largué jeudi en mer, au coeur d’une zone marine officiellement protégée, 18 blocs de calcaire pesant entre 500 et 1 400 kilos.

L’idée : rendre impossible la pêche au chalut de fond, ces énormes filets utilisés par d’immenses navires de pêche qui abiment les fonds marins et tuent des espèces non ciblées.

« Nous plaçons de grosses roches calcaires sur le fond marin pour créer une barrière protectrice qui mettra la zone hors de portée de la pêche destructrice », explique à l’AFP Anna Diski, une militante à bord du bateau.

De quoi « empêcher immédiatement les chalutiers destructeurs de pouvoir opérer dans la zone en les empêchant de traîner leurs filets de pêche le long du fond marin », ajoute-t-elle.

Pour Will McCallum, responsable à Greenpeace UK, il s’agit d’une action « pour protéger les océans en dernier ressort ». « Nous préfèrerions largement que le gouvernement fasse son travail », affirme-t-il alors que les chaluts de fond sont autorisés dans la majorité des zones marines protégées du pays.

Modifier les licences

« Pour notre futur », « Simon Pegg » ou encore « Stephen Fry » : les activistes ont inscrit sur les blocs de calcaire des messages ou les noms de célébrités qui soutiennent l’action.

L’action de Greenpeace intervient alors que des discussions à l’ONU ont échoué la semaine dernière pour établir un traité international pour les océans.

Selon le groupe écologiste, les South West Deeps sont l’« une des zones marines protégées où la pêche est la plus importante au Royaume-Uni ». Il appelle le gouvernement et le futur Premier ministre, qui sera désigné la semaine prochaine, à « interdire la pêche industrielle dans toutes les zones marines britanniques protégées en modifiant les licences de pêche ».

L’organisation cite des chiffres de l’observatoire « Global Fishing Watch » qui affirme que 110 navires -dont plus de la moitié venus de France- ont pêché près de 19 000 heures dans la zone en 18 mois. Parmi eux, les navires à chalut de fond ont passé 3 376 heures dans la zone protégée.

« Le Royaume-Uni a des zones marines protégées qui ne sont protégées que par leur nom. Dans la grande majorité des cas, il est tout à fait légal pour les navires de pêche industrielle d’y pêcher, de prélever de grandes quantités de vie marine, ce qui détruit les habitats, nos stocks de poissons et les moyens de subsistance des pêcheurs locaux », affirme Anna Diski.

Source: Sud-ouest