Plan France 2030 : l’exploration des grands fonds marins, une richesse encore inconnue

Emmanuel Macron a présenté son plan France 2030, mardi 12 octobre, et parmi les annonces du chef de l’Etat il y a l’exploration des grands fonds marins. Ces zones situées à plus de 4 000 m de profondeur ont beau couvrir les deux tiers de la planète, on les connaît très mal. En effet, 95 % de ces océans profonds restent à explorer.

Par ailleurs on recense aujourd’hui 250 000 espèces vivantes sous-marines. Mais il y en a vraisemblablement entre 1 million et 10 millions d’autres à découvrir ; jusqu’à 40 fois plus, estime Jean Marc Daniel, directeur du département chargé de l’exploration des grands fonds à l’Ifremer.

Aider la recherche médicale

En plus ces espèces ont la particularité de vivre dans des conditions extrêmes : froid, obscurité totale, pression jusqu’à 1 000 fois supérieure à la pression atmosphérique, absence d’oxygène. Elles ont donc développé des stratégies d’adaptation qui pourraient nourrir la recherche médicale. Les chercheurs ont déjà identifié des micro-organismes marins qui pourraient faire avancer la recherche contre le cancer. En eau profonde la coopération particulière entre des crevettes et certaines bactéries (pour échanger de l’énergie) pourrait aussi servir à mieux comprendre des mécanismes d’immunité.

Les grands fonds marins sont donc un immense laboratoire de recherche et développement. Mais que l’on observe essentiellement par satellite aujourd’hui donc de très loin.

Des ressources minières convoitées

À côté de cette richesse vivante, il y a aussi l’enjeu des ressources minérales sous-marines. Les fonds marins suscitent aussi beaucoup de convoitises car ils contiennent des métaux très recherchés, notamment le cobalt, le manganèse et le nickel, des métaux qui entrent dans la composition des batteries électriques. Dans les profondeurs, on les retrouve notamment sous forme de petits cailloux, des nodules polymétalliques, qui ont mis des centaines de milliers d’années à se former.

D’où l’inquiétude des ONG qui redoutent que tous ces projets miniers finissent par voir le jour, sans cadre environnemental suffisant. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a adopté en septembre 2021 un moratoire sur cette exploitation minière des grands fonds, moratoire sur lequel la France s’est abstenue. Un code minier est par ailleurs en discussion au niveau international.

À quoi pourraient servir concrètement les deux milliards d’euros annoncés sur cinq ans, et qui sont à partager avec la recherche spatiale ? Au-delà du financement de programmes de recherche pour mesurer l’impact environnemental des explorations, il y a aussi des défis techniques à relever : plonger à 5 000 m de profondeur, dans le noir et avec une énorme pression, demande de robotiser massivement les observations. Il va donc falloir des investissements industriels, comme pour le spatial.

Source:Franceinfo