Pêche : bientôt des filets intelligents pour en finir avec les captures inutiles

Dans de nombreux ports français, les techniques de pêche ont été améliorées. Quotas mieux respectés, tailles de filets plus adaptés… Aujourd’hui, 56% des poissons consommés en France sont issus de la pêche durable contre seulement 15% en 2002. Mais des chercheurs ont prévu d’aller encore plus loin. 

Pour comprendre, il faut prendre le large. Un chalutier utilise un filet, appelé chalut. Une sorte de grande épuisette. Lorsqu’on l’utilise pour la pêche au thon, au mérou ou au bar, par exemple, le filet flotte entre deux eaux. Mais pour la langoustine, la morue ou encore l’aiglefin, il traîne sur le fond de l’océan ses chaînes métalliques qui abîment les fonds marins. 

L’autre inconvénient de cette technique est que le chalut capture toutes les espèces présentes sur son passage, sans distinction, y compris celles qui n’intéressent pas le pêcheur. Il ne peut donc pas savoir ce qui entre dans ses filets. « Je suis obligé de remettre à l’eau les espèces comme les merlans bleus. Pour nous, ça ne vaut rien », affirme Kévin Coïc, patron pêcheur du Roxy au Guilvinec (Finistère), dans la vidéo du 20H de TF1 en tête . Ainsi, il rejettera plusieurs espèces de poissons différentes. 

Chaque année, à travers le monde, 10% de la pêche est rejetée à la mer ou ramenée à quai sans être exploitée, soit neuf millions de tonnes de poissons. Mais des solutions comment à voir le jour. Les pêcheurs devraient pouvoir bientôt trier les poissons directement sous l’eau avant de les remonter à bord grâce à un filet intelligent. 

Avec cette technologie, le chalut qui pêche entre deux eaux est équipé de petites caméras qui permettent de détecter et de classer les espèces qui se présentent devant le filet. Le pêcheur est ainsi prévenu en temps réel. Il peut capturer les bancs de poissons qui l’intéressent, comme les merlus, et libérer ceux dont il ne veut pas grâce à une trappe qui s’ouvre et se referme à distance en fonction des besoins. 

Une innovation bretonne

Cette innovation 100% bretonne a été imaginée dans les laboratoires de l’Ifremer. Le projet s’appuie sur l’intelligence artificielle et les progrès de l’informatique. « On apprend, comme pour un enfant, à lui montrer des milliers d’exemples et à force de lui dire ceci est une sardine, ceci est un anchois, ceci est un chinchard, il finit lui aussi par reconnaître l’espèce. Et donc, à la fin, automatiquement, le logiciel est capable de classifier les différents poissons qu’il voit devant la caméra », explique Julien Simon, chercheur à l’Ifremer. 

La caméra permet également de connaître la taille des poissons. « Si on est sur des tailles trop petites, on remet directement les espèces dans l’océan, s’ils sont de taille suffisante, on peut les capturer », poursuit Julien Simon. 

Les chercheurs testent également un autre filet intelligent pour pêcher au fond de l’océan cette fois-ci. Là aussi, le filet permet de faire le tri directement sous l’eau. « Le chalut ne détecte pas de langoustines donc il est en mode survol pour ne pas abîmer les fonds marins. Dès lors qu’une espèce ciblée comme la langoustine va être détectée, la partie jaune est mise au contact du fond pour pêcher ponctuellement l’espèce. Le chalut intelligent permet donc de réduire le temps de présence du chalut sur le fond et donc de préserver des espèces qui sont vraiment collées au fond comme les anémones ou les vers marins », conclut Julien Simon. 

À terme, ce filet de pêche intelligent permettra de limiter l’impact sur l’écosystème marin. Les premiers essais en mer sont en cours actuellement, avant une mise sur le marché prévue en 2025. 

Source: TF1