Opération Hopewell : course contre la montre pour sauver un jeune phoque qui s’étrangle lentement

Un jeune phoque présent dans la rade de Brest vit depuis plusieurs années avec un cordage autour du cou qui l’étrangle petit à petit. L’association Sea Shepherd tente depuis plusieurs mois de l’aider, sans succès jusqu’à présent.

Hopewell, un jeune phoque gris, a ses petites habitudes à Landévennec, dans la rade de Brest (Finistère). Surnommé ainsi par les moniteurs de voile de la base nautique de Moulin Mer, il se pose durant l’été, au Soleil, sur des parcs ostréicoles flottants. L’hiver, il disparait, sûrement pour remonter vers la mer d’Iroise. Bref, à première vue, sa vie est particulièrement tranquille.

Pourtant, l’animal vit depuis deux ans avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : son cou est enserré par un cordage de pêche qui laisse sa chair à vif et qui l’étrangle petit à petit, à mesure que son cou grossit. « Hopewell est un jeune phoque gris d’un âge estimé entre 5 et 10 ans pour une fourchette large (ces animaux peuvent vivre entre 30 et 40 ans, ndlr). Ce n’est pas évident de lui donner un âge précis mais c’est un subadulte pour sûr avec encore une bonne marge de croissance« , explique auprès de Sciences et Avenir Enrique Petit, soigneur animalier au centre de soins Sea Shepherd Rescue.

 

Un sauvetage qui présente plusieurs difficultés

 

La branche française de l’organisation de défense des océans tente bien depuis le mois de septembre de lui venir en aide. Mais le sauvetage s’avère bien plus compliqué qu’il n’y parait. Déjà, Hopewell est un animal imposant. « On estime son poids à 90-100 kg, peut-être un peu plus. Mais c’est pour nous une donnée délicate à certifier au jugé« , précise le soigneur. Ensuite, le phoque ne semble jamais se rendre sur la plage, préférant les installations flottantes au large pour se reposer.

Autre difficulté : le phoque a tendance à partir durant l’hiver. « Selon les informations locales que l’on obtient, il aurait effectivement tendance à quitter la rade de Brest pour ne réapparaître qu’en mars-avril au parc ostréicole de Landévennec. Cela a été le cas sur l’hiver 2023-2024 où nous n’avons eu aucune observation de fin novembre à début avril« , indique Enrique Petit. Il pourrait alors se rendre en mer d’Iroise. Et pour finir, Hopewell ne peut pas être sédaté : il pourrait se noyer.

Hopewell

Hopewell. Crédit : Sea Shepherd France

 

Une plateforme flottante pour tenter de le libérer

 

L’association Sea Shepherd a donc eu l’idée de disposer, sur les lieux fréquentés par Hopewell, une plateforme flottante. Elle comprend une trappe coulissante qui devait permettre d’enfermer le phoque afin de parvenir à lui retirer en toute sécurité le cordage qui l’étrangle. Encore faut-il qu’il s’installe dessus, ce qu’il n’a jamais fait. « Mardi dernier, nous avons dû retirer la plateforme, les autorisations administratives que nous avions obtenues pour la poser étant arrivées à expiration« , explique Sea Shepherd dans un communiqué diffusé le 29 novembre. L’animal n’était pas loin lors de la désinstallation et des photos nettes de sa blessure et de lui-même ont pu être prises.

 

Une cagnotte mise en ligne pour améliorer la plateforme

 

L’organisation veut maintenant renouveler ses autorisations pour remettre en place la structure, modifiée pour être plus solide. « Les vents forts de ces derniers jours ont arraché une partie de la porte qui ne coulisse plus correctement, le bois et les tubes ont bu beaucoup d’eau« , énumère l’association. Elle a lancé une cagnotte en ligne destinée à financer le renforcement de la plateforme.

Comment attirer le phoque ? L’exercice va demander aux personnes impliquées beaucoup (beaucoup) de patience. « La plateforme piège représente sans doute quelque chose de trop ‘fermé’ pour lui et peut-être qu’il nous faut encore s’approcher des lignes ostréicoles, s’interroge Enrique Petit. L’idée sera de lui présenter une plateforme flottante simple, ouverte, sans contour et ensuite s’approcher encore davantage de lui. S’il prend ensuite l’habitude d’y venir, alors seulement nous commencerons doucement à poser une partie des contours, puis une autre partie plus tard, etc. jusqu’à la finalisation complète du piège pour qu’il s’y habitue plus progressivement. Nous allons aussi renforcer ses contours pour être sûrs qu’il ne puisse pas sortir du piège une fois à l’intérieur« .

« Hopewell est condamné à mourir d’une mort lente et douloureuse si nous ne parvenons pas à le libérer du filet qui lui enserre le cou de plus en plus« , craint Sea Shepherd. Son sauvetage représente un sacré défi mais « on peut y arriver« , assure l’association. « Nous avons déjà beaucoup appris ces trois derniers mois : on observe, on apprend, on s’adapte et on avance« , conclut le soigneur animalier, combatif. 

Source: sciences et avenir