« On peut détecter avec une précision de 100 m » : en Méditerranée, des chercheurs français développent des dispositifs anticollisions avec les baleines
25 octobre 2024
25 octobre 2024
Des chercheurs français tentent de mettre au point des dispositifs pour localiser les cétacés et éviter les collisions avec les navires. Un programme est en cours en Méditerranée.
La chasse à la baleine n’est pas la seule menace qui pèse sur les cétacés. Les collisions accidentelles avec des navires sont aussi une source de mortalité. Pour tenter de localiser les baleines, des micros ont été immergés dans les grands fonds au large de Toulon, en mer Méditerranée. À bord du navire où sont déployés ces dispositifs, Thomas Folegot, directeur de la PME Quiet Ocean, supervise la mise à l’eau de quatre prototypes. « La pièce maîtresse du mouillage, c’est la cage instrumentée, explique-t-il. L’ensemble est connecté à un hydrophone. C’est comme un micro, mais qui va sous l’eau. » Les chercheurs espèrent ainsi empêcher les collisions entre les baleines et les navires, via un programme piloté par WWF France.
Les modules sont lestés et déposés à 2 000 mètres de profondeur. « Là, on se concentre principalement sur le rorqual commun, indique Thomas Folegot. On a évalué qu’à dix kilomètres, on pouvait détecter l’animal avec une précision de 100 mètres, largement suffisant pour l’application anticollision. »
La mission de ces hydrophones est d’enregistrer la vie sous-marine du sanctuaire Pelagos. Une aire de protection des mammifères marins au large des côtes françaises et italiennes et qui inclut la Corse. Une zone aussi très fréquentée par les navires de croisières ou les ferries, rappelle l’ONG WWF. « Aujourd’hui, dans le sanctuaire Pélagos, les collisions avec les navires sont la première cause de mortalité non naturelle pour les grands cétacés que sont les rorquals et les cachalots, indique Denis Ody, expert cétacés de l’ONG WWF. L’estimation de la mortalité qu’on a aujourd’hui, selon une publication scientifique assez récente, est de 33 rorquals communs par an. C’est une mise en péril de l’avenir de la population. »
Il est impossible aujourd’hui de repérer ces cachalots, ces globicéphales ou autres rorquals communs, qui évoluent dans le secteur. « On n’a pas vraiment de système optique, laser ou radar qui permet de détecter les animaux depuis un navire », explique Denis Ody. Seule solution pour le moment pour l’expert de l’ONG, écouter les cétacés comme « le rorqual commun qui a la particularité d’émettre en basse fréquence ». Les micros du programme Stop Collision seront récupérés dans un mois pour tester leur efficacité.