Mystère résolu : ces milliers de trous dans la mer du Nord finalement causés par un cétacé à dents
5 janvier 2024
5 janvier 2024
Les millions de trous retrouvés dans les fonds marins sont souvent attribués à des fuites d’hydrocarbures, comme le méthane, présentes dans les tréfonds de la Terre. Mais certains de ces creux, peu profonds, ne pouvaient pas être expliqués. C’est chose faite.
Le casse-tête a finalement été résolu. Des dizaines de milliers de petits trous apparus au fond de la Mer du Nord que l’on prenait pour des rejets de méthane sous-marins sont en réalité l’œuvre d’une espèce animale. C’est ce qu’ont découvert les chercheurs de l’Université de Kiel, en Allemagne, dans une nouvelle étude.
Autour de l’archipel allemand d’Heligoland, les chercheurs ont trouvé 40 000 de ces petits trous dans les profondeurs, sur le sol marin, qu’ils ont reconstitué en 3D. Ils ont alors pu être certains que ces creux d’environ 11 centimètres de profondeur, qui se retrouvaient en eau peu profonde (environ 30 mètres de fond) n’étaient pas causés par un gaz qui s’échapperait de la croûte terrestre. Ces fuites, qui se produisent souvent en eau profonde, dans les océans, et qui sont à l’origine de véritables écosystèmes sous-marins avec cheminées hydrothermales, conduisent à la formation de trous à la forme plus conique. Il était donc question d’un autre phénomène. C’est alors que la population de vertébré locale a été étudiée, ainsi que leurs habitudes.
Selon leurs conclusions, c’est un petit cétacé à dents et son mode de chasse qui serait à l’origine de ces curieuses formations sous-marines. Le marsouin commun, qui ressemble à un dauphin, mais plus petit, avec le museau plus arrondi, est très présent dans les mers froides. Il se nourrit de petits poissons longilignes, ressemblant à des anguilles, qui se cachent sous le sable, appelés lançons. Lors de sa chasse, il doit retourner les sédiments au fond de l’eau et creuser ces trous, qui seraient ensuite agrandis par les courants. « Nous concluons que les marsouins communs creusent des sédiments pendant leur recherche de nourriture : en arrachant le fond marin, ils font s’échapper les lançons des sédiments et initient la formation de fosses au fond de l’eau », expliquent les chercheurs.
Ce n’est pas qu’une petite découverte : des trous de marsouins, il en a probablement des millions dans les océans du globe. « Nous prévoyons que ces mécanismes se produisent à l’échelle mondiale, mais qu’ils ont été négligés jusqu’à présent », selon Jens Schneider von Deimling, auteur principal de l’étude et géoscientifique à l’Université de Kiel. La présence de marsouin ou bien d’autres prédateurs du lançon pourraient expliquer l’existence de nombreux autres petits cratères marins dans les océans, qui font parfois ressembler les profondeurs au sol lunaire. Ces creux ont-ils été interprétés à tort comme le résultat de fuites de méthane ? Seules des recherches approfondies pourront le dire.