Mieux faire connaitre l’océan pour mieux le préserver : de l’art à la science !
6 décembre 2024
6 décembre 2024
L’Océan, cette immensité aux richesses infinies dont nous dépendons plus que nous le croyons, inscrit dans un agenda politique qui dit beaucoup de son importance et de son devenir.
A l’occasion des Tribunes du Museum qui auront lieu ce samedi 7 décembre, au Jardin des Plantes à Paris, sur le thème, Un océan en commun, en partenariat avec France-Culture et le Magazine Pour la Science, nous plongeons dans cette immensité aux richesses infinies, berceau de la vie et dont nous dépendons plus que jamais, dans un contexte de changement climatique et d’atteintes à l’environnement.
C’est un océan inscrit dans un agenda politique qui dit beaucoup de son importance et de son devenir ; ainsi la France a déclaré l’année 2024-2025, comme Année de la mer ; les Nations Unies ont appelé la période 2021-2030, Décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable ; quant à la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC), elle se tiendra à Nice, en juin 2025.
Avec nous, trois invités :
Sylvie Dufour, biologiste, chargée de mission Mer au Muséum national d’histoire naturelle, directrice adjointe de l’Institut de l’Océan de l’Alliance Sorbonne Université, et coauteure du Manifeste, Un Océan en commun édité par le Museum ;
Damien Chevallier, écologue, chercheur au CNRS, rattaché au Laboratoire de biologie des organismes et des écosystèmes aquatiques (BOREA), directeur de la station de recherche marine de Martinique ;
Elsa Guillaume, artiste plasticienne, et l’une des 40 artistes exposés au CentQuatre à Paris dans le cadre de l’exposition, La Grande expédition, Tara, l’art et la science pour révéler l’Océan, avec la Fondation Tara Océan, à voir jusqu’au 2 mars 2025.
On essaye de sensibiliser chacun à cette notion d’un océan partagé, connecté, répond Sylvie Dufour,
à la question posée : « Doit-on dire l’océan ou les océans » ?
« Bien sûr, sur les cartes géographiques, on peut voir plusieurs océans. Les trois grands célèbres, Atlantique, Indien-Pacifique et les deux océans polaires, Arctique-Antarctique, avec certaines frontières qui sont arbitraires. Mais si on regarde par exemple la mappemonde à partir des pôles, par exemple de l’Antarctique, on voit très bien cette interconnexion de tous les océans. Et en plus, il y a une grande circulation avec un grand courant marin qui traverse tous ces océans et qui en font vraiment un seul« . Sylvie Dufour
« C’est un puits de carbone », nous rappelle Damien Chevallier, mais jusqu’à quand il va pouvoir jouer son rôle, on ne le sait pas encore. Effectivement, « il subit de nombreuses attaques cet océan. On parle souvent de réchauffement climatique, mais on parle aussi de pollution, différents types de pollution, qui sont quand même un danger autant pour les espèces qui vivent dans l’océan que pour les hommes. Ça a déjà été beaucoup montré. On a aussi d’autres menaces qui sont notamment la surpêche, la pêche industrielle mais aussi la pêche artisanale, je reviendrai peut-être tout à l’heure, mais qui sont un grave danger, représentent vraiment une grosse menace pour certaines espèces et on parle souvent des cétacés, des tortues marines et aussi pour tout ce qui est ressources piscicoles. » Damien Chevallier
« L’océan a en effet absorbé jusqu’à présent 90% de l’excès de chaleur. Cela veut dire que sans l’océan, on aurait déjà aujourd’hui beaucoup plus chaud », fait observer Sylvie Dufour. L’océan nous a protégés jusqu’à présent, mais à ses dépens, insiste-t-elle, d’autant plus que cette chaleur dans l’océan a un impact certain et direct sur toute la biodiversité de l’océan. « Si on parle de l’effet de la chaleur, nous, mammifères, nous régulons notre température. Il n’y a pas beaucoup d’organismes animaux qui régulent, il y a les mammifères et les oiseaux. Tout le reste du règne animal ne peut pas contrôler, réguler sa température, Ce qui veut dire que la majorité, extra-majorité de tous les organismes vivants dans la mer subissent cet impact direct », Sylvie Dufour
Elsa Guillaume évoque son lien très fort à l’océan, qu’elle aborde du côté sensible et plutôt intuitif. Elle avait, dit-elle, dédié à un moment une exposition au Devonien (du nom du fameux comté de Devon, en Angleterre), parce qu’elle affectionne ce sentiment d’appartenance au milieu aquatique. « C’est souvent aussi ce lien qui est brisé avec l’espace naturel, quel qu’il soit, mais d’autant plus avec l’espace maritime, puisqu’aujourd’hui, on n’y a plus accès. malheureusement, ou par des très courtes incursions en plongée ou en apnée. J’aime bien, à l’occasion de chacune des expositions, un peu creuser un thème, que ce soit les abysses, le Dévonien, ou dans le cadre de Tara, justement, ça parle plutôt de surpêche, et aussi de comment nous avons été poissons. On voit bien qu’il y a ce lien-là, ou cette envie de nous ramener à ce bain d’origine, par une proposition très pragmatique de nous doter de palmes nageoires, de sacs à dos branchés, de yeux pour voir comme des poissons sous l’eau. Et puis développer aussi de l’empathie envers ces animaux qu’on oublie souvent, en se disant qu’en fait, on vient de ce milieu et qu’il mérite aussi toute notre attention. » Elsa Guillaume.