Mes Odyssees en Mediterranee La Galite : l’île tunisienne façonnée par les pêcheurs siciliens et ponzais
30 octobre 2025
30 octobre 2025
L’archipel de La Galite (Jalta en tunisien) est un lieu à l’histoire singulière, marquant le point le plus septentrional du continent africain. Contrairement à certaines terres, elle n’a pas toujours été habitée de manière permanente, son occupation récente étant le fruit de l’audace et de l’opportunité.
L’archipel volcanique et aride a d’abord servi de destination saisonnière pour des pêcheurs de langoustes. Originaires de l’Île de Ponza, des familles comme les Vitiello, D’Arco et Mazella venaient y exercer leur métier avant de repartir. L’attrait d’une installation durable vint de la découverte de sources d’eau douce, incitant ces communautés à s’établir sur l’île.
C’est ainsi qu’une population s’y enracina, avec des naissances sur place s’étendant sur plusieurs générations. Cette communauté était un véritable creuset méditerranéen, comptant des familles d’origine ponzaise, mais aussi sicilienne comme les Caltagirone, dont les parents venaient de Marsala.
La présence d’habitants et d’enfants ne passa pas inaperçue, et La Galite fut officiellement rattachée à la Tunisie. Cette reconnaissance institutionnelle entraîna la construction des infrastructures nécessaires à la vie collective : une capitainerie, une gendarmerie, un dispensaire, une église et une école.
La vie insulaire s’organisait autour de la mer. La pêche, particulièrement celle de la langouste, était l’activité économique centrale. Les familles complétaient leurs revenus par l’élevage, la culture et la fabrication de vin. L’artisanat était également présent, comme en témoigne l’existence d’un petit atelier où un habitant, Alexandre Vitiello, construisait à la main, sans machine ni électricité, des bateaux pour la langouste et des maisons.
L’activité de pêche était intense, avec la venue régulière de navires de Trapani et Palerme pour la pêche aux sardines, anchois et maquereaux. L’économie de la langouste était si structurée que des commerçants du continent, comme un M. Scotto ou un langoustier de Bizerte, venaient s’y approvisionner. Un entrepreneur, Mr. Andaloro, également de Bizerte, avait même établi une usine de mise en boîte des «Langoustes de la Galite» pendant quelques années.
Historiquement, l’île a également servi de lieu d’exil pour le leader tunisien Habib Bourguiba entre 1952 et 1954.
Cependant, après l’indépendance de la Tunisie, la population commença progressivement à quitter l’archipel. Le départ fut continu, ne laissant qu’une poignée de personnes, dont la doyenne de la communauté Céleste Mazella qui demeura jusqu’à un âge avancé (95 ans).
Aujourd’hui, La Galite est déserte, ses constructions sont en ruines, et l’île n’est plus gardée que par quelques militaires. Des découvertes archéologiques témoignent de son rôle de carrefour méditerranéen depuis l’Antiquité : caveaux, squelettes, amphores, pièces d’or et statuettes ont été mis au jour. Le Musée du Bardo conserve d’ailleurs une statuette en bronze de Bacchus trouvée sur l’île.
L’histoire de l’installation permanente est ponctuée par l’arrivée du premier Sicilien en tant que gardien en 1886. Ce dernier, originaire de l’Île de Ponza, et sa femme de Marsala furent suivis par leurs enfants qui y restèrent également comme gardiens, consolidant ainsi la présence de ces familles de pêcheurs-gardiens.
L’héritage de La Galite continue de vivre, notamment à travers ses descendants. L’un d’eux, Pierre de La Galite, a choisi d’honorer la mémoire de son île par un nom d’artiste et par la création musicale, témoignant de l’attachement indéfectible à cette terre d’origine.
Pour sa part, il continue de faire vivre La Galite à travers sa passion. Il écrit des chansons, pour les enfants et pour les grands, qu’il partage sur YouTube. Avec plus d’un million de vues et plusieurs albums en autoproduction, il a choisi le pseudonyme de Pierre de La Galite.
C’est sa façon de ramener un peu de cette île aride et volcanique dans le monde d’aujourd’hui, de faire entendre son nom, son histoire et de ne jamais oublier d’où il vient : Jalta, son île au cœur de la Méditerranée.