Mer Rouge : Al-Sissi préconise la présence exclusive des forces navales des pays riverains

 

La visite éclair du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, à Djibouti le 23 avril 2025 dès 11h à 16h a permis d’aborder les points politiques et sécuritaires principaux de cette visite.

 1. Les points politiques et sécuritaires principaux de la visite d’Al-Sissi à Djibouti

La visite d’Al-Sissi à Djibouti reflète une volonté claire des deux dirigeants de renforcer leur partenariat stratégique dans divers domaines, notamment la sécurité, l’énergie, le commerce et la coopération régionale. Plusieurs axes prioritaires ont été abordés lors de cette rencontre :

– Sécurité régionale et lutte contre le terrorisme : Les deux présidents ont affirmé leur rejet commun des menaces à la sécurité et à la liberté de navigation en mer Rouge, une artère commerciale internationale vitale. Ils ont souligné la responsabilité exclusive des pays riverains de la mer Rouge et du golfe d’Aden dans la gouvernance et la sécurisation de cette voie navigable. Ce point est particulièrement pertinent dans un contexte où les attaques des Houthis au Yémen ont perturbé le trafic maritime, entraînant une baisse significative des revenus du canal de Suez pour l’Égypte.

– Coordination sur les questions régionales : Les discussions ont également porté sur des sujets sensibles comme la situation en Somalie, au Soudan et au Soudan du Sud, ainsi que sur la nécessité de préserver la stabilité et l’intégrité territoriale de ces pays. Les deux présidents ont réaffirmé leur engagement à soutenir les efforts diplomatiques pour résoudre pacifiquement les conflits régionaux.

– La sécurité en mer Rouge : Elle repose sur la présence exclusive des pays riverains, responsables de sa gouvernance et de sa protection. Cette approche vise à garantir la liberté de navigation, prévenir les menaces terroristes et réguler les flux maritimes. Les initiatives comme le Conseil des États riverains renforcent cette coopération régionale pour assurer stabilité et prospérité économique commune.

2. Le rejet des menaces à la sécurité et à la liberté de navigation en mer Rouge concerne-t-il l’Éthiopie ?

Le rejet des menaces à la sécurité et à la liberté de navigation en mer Rouge par Al-Sissi et Guelleh ne mentionne pas explicitement l’Éthiopie. Cependant, il est important de noter que l’Éthiopie, bien qu’enclavée, joue un rôle indirect dans la dynamique régionale en raison de son accès privilégié au port de Djibouti, qui sert de débouché crucial pour son commerce international. La position éthiopienne pourrait donc être perçue comme ambiguë, car Addis-Abeba aspire à renforcer sa présence maritime en développant une force navale sans nécessairement s’aligner sur les priorités sécuritaires des pays riverains de la mer Rouge.

En revanche, la rivalité historique entre l’Éthiopie et l’Égypte concernant le barrage de la Renaissance (GERD) pourrait influencer les perceptions mutuelles. Pour autant, il serait prématuré d’accuser l’Éthiopie sans preuves tangibles.

3. Guelleh peut-il à la fois soutenir le projet d’une force navale de l’Éthiopie et la position de l’Égypte ?

La position d’Ismaïl Omar Guelleh semble complexe, voire ambivalente, dans ce contexte. D’un côté, Djibouti entretient des relations économiques et stratégiques étroites avec l’Éthiopie, qui dépend fortement de ses ports pour ses exportations et importations. De l’autre, Guelleh partage avec Al-Sissi une vision commune de la sécurité régionale, basée sur la responsabilité exclusive des pays riverains de la mer Rouge pour sécuriser cette voie navigable.

Théoriquement, Guelleh pourrait soutenir simultanément les deux positions, mais cela nécessiterait une diplomatie habile. Par exemple, il pourrait encourager l’Éthiopie à participer aux efforts de sécurité collective via le Conseil des États riverains de la mer Rouge, tout en maintenant son alignement stratégique avec l’Égypte. Toutefois, une telle approche risquerait de créer des tensions si l’Éthiopie percevait cette collaboration comme un frein à ses ambitions maritimes.

 4. Le délestage de la connexion électrique par l’Éthiopie est-il une réponse à la position girouette de Guelleh ?

Le délestage de la connexion électrique le 23 avril 2025 par l’Éthiopie pourrait être interprété comme une mesure de rétorsion contre Djibouti. Si tel était le cas, cela refléterait une insatisfaction éthiopienne face à la position de Guelleh, perçue comme trop proche de l’Égypte. Cependant, il est également possible que cet incident soit lié à des contraintes techniques ou opérationnelles plutôt qu’à des motivations politiques.

Conclusion

La visite d’Al-Sissi à Djibouti met en lumière l’importance stratégique de la coopération régionale pour répondre aux défis sécuritaires et économiques dans la Corne de l’Afrique et la mer Rouge. Bien que les deux présidents partagent une vision commune de la sécurité maritime, la position de Guelleh vis-à-vis de l’Éthiopie reste délicate. Dans un contexte régional marqué par des tensions sous-jacentes, la diplomatie sera essentielle pour maintenir un équilibre fragile entre les intérêts divergents des acteurs régionaux.

Source : hch24